• 05 / Feb / 2025
Fermer

Les maux des filles en milieu scolaire: Mon accouchement a signé la fin de mon cursus scolaire

  « Je réponds au prénom de Adja Marème et j’ai 24 ans . Je n’étudie plus depuis mes 19 ans. Je suis née dans une famille ou les membres  vivaient selon les préceptes de l’islam. Garçons comme filles vivaient tous à la maison dans des bâtiments séparés et tous étudiaient le livre saint : le coran sous l’autorité de mon père. Personne n’allait à l’école dans ma famille, mon père n’a jamais voulu que ses enfants côtoient l’enseignement donné dans les écoles françaises.

Quand j’ai eu environ 8 ans, un ami de papa l’a persuadé de m’envoyer à l’école .Il a hésité durant des mois  avant de m’inscrire finalement. Malgré le retard , je m’en sortais bien et me débrouillais toujours pour être parmi les cinq premiers afin de faire comprendre à mon père qu’il n’avait pas pris une mauvaise décision.je suis donc restée ainsi à l’école jusqu’à l’obtention de mon brevet de fin d’étude au collège.


L’année durant laquelle je devais entamer ma seconde au lycée, j’ai fait la connaissance du fils d’un des amies à ma mère fraîchement venu des Etats Unis. Le courant est plutôt bien passé entre nous. On a entamé une relation amoureuse à l’insu de nos parents respectifs. Après 10 mois de relation en cachette nous avons  eu des rapports  dont a découlé une grossesse. Ce fut une période assez sombre de ma vie. Toute ma famille m’a rejeté .Mes parents ne m’ont pas viré de la maison, mais ne m’adressaient plus la parole ainsi que tous mes frères et sœurs. Comme on était presque à la fin de l’année scolaire et que ma grossesse était récente et pouvait facilement passer inaperçue mon père a bien voulu me laisser passer mes examens afin de valider mon année.

Je vivais un véritable calvaire chez moi, j’étais livrée à moi-même puisque tout le monde refusait de m’adresser la parole. J’ai continué ainsi jusqu’au terme de ma grossesse.
J’ai eu un accouchement très difficile à l’image de ma grossesse. Les médecins m’ont prescrit un repos de plus de 3 mois à cause de tout le stress que j’avais accumulé durant ma grossesse. Quand j’ai accouché mes autres camarades avaient déjà une longueur d’avance assez considérable sur moi, sans parler de la décision de mon père de ne plus jamais me laisser continuer mes études .J’ai donc  pris sur moi et arrêté comprenant l’étendu de sa déception .Car pour lui tout ce qui m’est arrivé était dû au fait que j’ai fait des études.  

Pour subvenir à mes besoins aussi je fais actuellement un petit commerce de lingerie dans un grand marché de la capitale. »