« Je
réponds au prénom de Adja Marème et j’ai 24 ans . Je n’étudie plus
depuis mes 19 ans. Je suis née dans une famille ou les membres vivaient selon les préceptes de l’islam.
Garçons comme filles vivaient tous à la maison dans des bâtiments séparés et
tous étudiaient le livre saint : le coran sous l’autorité de mon père.
Personne n’allait à l’école dans ma famille, mon père n’a jamais voulu que ses
enfants côtoient l’enseignement donné dans les écoles françaises.
Quand j’ai eu
environ 8 ans, un ami de papa l’a persuadé de m’envoyer à l’école .Il a hésité durant
des mois avant de m’inscrire finalement.
Malgré le retard , je m’en sortais bien et me débrouillais toujours pour être parmi
les cinq premiers afin de faire comprendre à mon père qu’il n’avait pas pris
une mauvaise décision.je suis donc restée ainsi à l’école jusqu’à l’obtention
de mon brevet de fin d’étude au collège.
L’année durant
laquelle je devais entamer ma seconde au lycée, j’ai fait la connaissance du
fils d’un des amies à ma mère fraîchement venu des Etats Unis. Le courant est
plutôt bien passé entre nous. On a entamé une relation amoureuse à l’insu de
nos parents respectifs. Après 10 mois de relation en cachette nous avons eu des rapports dont a découlé une grossesse. Ce fut une période
assez sombre de ma vie. Toute ma famille m’a rejeté .Mes parents ne m’ont pas viré
de la maison, mais ne m’adressaient plus la parole ainsi que tous mes frères et
sœurs. Comme on était presque à la fin de l’année scolaire et que ma grossesse
était récente et pouvait facilement passer inaperçue mon père a bien voulu me
laisser passer mes examens afin de valider mon année.
Je vivais un véritable
calvaire chez moi, j’étais livrée à moi-même puisque tout le monde refusait de
m’adresser la parole. J’ai continué ainsi jusqu’au terme de ma grossesse.
J’ai eu un
accouchement très difficile à l’image de ma grossesse. Les médecins m’ont
prescrit un repos de plus de 3 mois à cause de tout le stress que j’avais accumulé
durant ma grossesse. Quand j’ai accouché mes autres camarades avaient déjà une
longueur d’avance assez considérable sur moi, sans parler de la décision de mon
père de ne plus jamais me laisser continuer mes études .J’ai donc pris sur moi et arrêté comprenant l’étendu de
sa déception .Car pour lui tout ce qui m’est arrivé était dû au fait que j’ai
fait des études.
Pour subvenir à mes besoins aussi je fais
actuellement un petit commerce de lingerie dans un grand marché de la
capitale. »