Vivre avec son époux pendant
des années et le voir partir à jamais est très difficile. Cela peut impacter à
la psychologie de la femme. N’est-il pas plus difficile quand votre belle
famille vous ignore, vous déteste, vous haie et vous méprise comme si vous en
étiez responsable ?
Serait-il pas plus facile d’avoir le soutien de la belle famille avec laquelle
vous avez vécu pendant des années ?
Le fardeau ne serait-il pas plus léger si vous pleurez, priez ensemble pour le
repos de son âme ?
Bien sur.
La mort d’un être cher
surtout d’un époux est assez difficile à moins que vous soyez très pieuse et
soutenue par l’entourage. Dans la plupart du temps, les veuves qui vivent
toujours avec la belle famille cohabitent avec une énorme souffrance. Elles
sont souvent affrontées à des belles sœurs et des belles mères qui leur
reprochent tout le temps la mort de leurs fils et frères. Quelle femme aimerait
se séparer de son amour prématurément ? Mais cette question n’est pas la
préoccupation de la seconde famille.
Chez les musulmans, quand
vous perdez votre mari, vous êtes dans l’obligation de respecter ces chartes
pendant 4 mois :
Ne plus se tresser avec des mèches
Couvrir tout votre corps, de la tête aux pieds
Accomplir les Cinq prières
Ne pas se marier avant la fin des 4 premiers mois
Et il est préférable de
rester dans la maison de votre mari (avec votre belle famille si elle vit
là-bas).
C’est pendant ces quatre
mois ou le reste de sa vie que la femme va connaitre la signification des mots
isolement, calamité, chagrin et incapacité. Avec un peu de chance, à condition
d’avoir des enfants avec son défunt mari, elle pourrait être à l’abri des
besoins grâce aux biens que le mari a laissés. Au cas échéant, la belle-famille
s’accapare de tous les avoirs et laisse la veuve avec rien. Elle restera dans
la maison pour entendre les calomnies sans rien faire car la ou les religions
demandent aux veuves de s’en remettre à dieu.
On ne parle pas à la place
des témoins ou des principales concernées. Elles seules, sont en mesure de tout
expliquer. C’est avec supplice que NDEYE
(nom d’emprunt) a accepté de nous raconter une partie des quelques mois de
veuvage qu’elle a vécu avec sa belle famille qu’elle accuse :
« Je me suis pendue à
l’âge de 19 ans alors que j’étais toujours étudiante. 7 ans après, mon époux
m’a amené vivre chez sa mère, ses sœurs et frère. Au début, ils m’ont bien
traité peut être parce que c’est mon mari qui s’occupait de la maison et que
moi aussi j’avais un bon emploi. Après 22ans de mariage, mon mari décéda suite
à une crise d’épilepsie. C’était en mars 2015. La rituelle des 40 jours de son
décès a été mon premier jour en enfer sur terre. C’est à partir de ce moment
que j’ai découvert le vrai visage de sa famille. Seul son frère ainé me
soutenait sinon sa mère et ses sœurs me traitait de tous les noms même quand je
suis sur ma natte de prières. Elle répétait toujours ceci : « vas rejoindre ta famille si tu en as et quitte
la maison » Mais je suivais les instructions de mon gentil beau frère, de
ma mère et d’un marabout du quartier.
Deux mois après, alors qu’on
partageait l’héritage comme le veut la charia, la belle-mère a décidé de tout
garder avec ses enfants. Les jumeaux que j’avais de cette union sont décédés
prématurément.
Malgré tout, je suis restée
et je vivais avec endurance. Je ne voulais pas tourner le dos à ma chambre, mon
appartement que j’avais là-bas renfermant tous les bons souvenirs de mon mari
et de mes jumeaux. Je me suis battue en vain. Lorsque les quatre mois sont
épuisés je suis partie rejoindre mes parents et reprendre mon travail. Leurs
paroles m’atteignaient à un point ou je ne voulais plus rien que de rejoindre
mon tendre époux.
Mais alhamdoulilah, ce n’est plus que
de l’histoire ancienne ».
La pression familiale est le
pire ennemi de la personne, elle est très difficile à surmonter surtout quand
vous êtes vulnérable face à cela. Perdre son mari n’est pas un péché encore
moins un crime mais juste la volonté divine.
Miracle joyeux de la
naissance ; Miracle ténébreux de la mort entre les deux la vie et la mort.
S’appuyant sur cela, les belles familles qui rejettent la mort de leurs fils ou
frères à leurs femmes juste par plaisir ou pour s’approprier des biens du
défunt doivent penser d’abord à eux. Car un jour elles pourront se mettre à la
place de la veuve.
Mais en attendant, celles qui ont perdu leurs maris peuvent continuer à s’en
remettre à dieu et être tenante. Rien n’est éternel alors suivait l’exemple de
Ndeye qui s’est battue positivement pour retrouver une vie meilleure.
NDEYE PENDA DIALLO