• 05 / Feb / 2025
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Mères célibataires : un combat

       

    Elles sont présentes dans nos villes, nos quartiers et parfois dans nos maisons, les mères célibataires sur lesquelles portent notre dossier du jour ont existé à toutes les époques. Longtemps pointées du doigt comme une honte dans une famille ou parfois un échec social, elles sont aujourd’hui beaucoup moins stigmatisées même s’il existe encore des esprits rétrogrades qui trouvent moyen de leur jeter la pierre. Il ne faut pas s’y tromper, ces femmes sont des amazones, des battantes du quotidien qui chaque jour, du fait de cette image négative que les mœurs de la société bien-pensante leur attribuent, ne rechignent devant aucun effort et souffrent mille morts pour relever la tête et occuper cette double place de père et de mère au sein de leur foyer. Comment ces femmes vivent-elles leur quotidien et quelles sont les conséquences de cette vie sur l’éducation des enfants ? 

    Par définition, le foyer est le lieu idéal où devrait régner la cohésion familiale entre un père, une mère et les enfants. De ce foyer dépendra l’éducation des enfants qui s’identifieront à l’un des parents pour quasiment toute leur vie. Malheureusement la société contemporaine définie comme moderne avec ses nombreux avantages technologiques qui permettent le développement social et industriel a favorisé une recrudescence du phénomène d’abandon d’enfants et de nombreux cas de divorces. Les hommes de plus en plus manifestent  un égoïsme typiquement machiste en ce qui concerne la vie de couple, le bien-être de la femme et la vie de famille. 


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            Les grandes victimes de ces comportements sont les enfants et par ricochet les femmes  qui sont obligées d’assumer des responsabilités qui devraient normalement incomber aux  hommes. Le nombre de femmes qui vivent dans cette situation s’accroît au fil des années comme nous  l’avons souligné tantôt et aucun pays au monde n’échappe à ce triste phénomène. Un  problème social aussi pénible devient la responsabilité de tous. C’est justement  pour  cette raison qu’en Afrique traditionnelle il y a une solidarité au sein de la grande famille  autour de la femme abandonnée pour la soutenir dans cette lourde charge. Les femmes ayant vécu ou vivant ce phénomène sont les mieux placées pour appréhender tous les  aspects et les difficultés liées à ce mal. Mme N. résidant depuis 9 ans en banlieue parisienne témoigne en ces termes : « La vie d’une mère célibataire est une tristesse dans nos sociétés africaines. Je mets l’accent sur le cas en Afrique parce que dans nos sociétés traditionnelles les  femmes sont les personnes les plus vulnérables, et lorsqu’elles se retrouvent dans cette situation c’est la catastrophe pour elle mais aussi pour la cellule familiale. Heureusement que le plus souvent il y a le papa et la maman et même les frères et sœurs qui peuvent lui venir en aide. En ville par contre nos  gouvernements africains copient l’Europe mais ne réussissent pas à cerner dans la  société Européenne les bons aspects de la gestion de la société, et de la vie des gens .Ils copient négativement sur l’Europe parce qu’il n’y a aucune structure qui puisse prendre en charge, ni soutenir les femmes qui se retrouvent dans ces situations. Même quand ces structures existent elles ne sont pas développées. En Europe le social est très développé  et la gestion de ce type de problèmes est très suivie. Il y a une prise en charge et des  aides sont allouées aux femmes célibataires avec enfants  pour les soutenir. Le problème  n’est pas seulement sur le plan économique, mais il y a l’éducation des enfants. Lorsque  vous avez par exemple un jeune garçon, au départ dès son jeune âge les choses iront  mieux. Mais lorsque commence l’âge de l’adolescence les problèmes commencent. Parce que l’enfant, le petit garçon cherche à s’identifier à un papa qui n’est pas. Il va  naître en ce moment  un conflit permanent entre la mère et lui. Cette période est très  sensible parce que si vous en tant que maman avez raté la prise de responsabilité,  l’avenir de ce fils est gâché. Si l’on y prend garde il est même possible qu’il parte de la maison et vous ne pouvez plus le récupérer. Il y a un aspect de cette vie très délicate, faire un choix. Votre prise de choix est une sorte de sacrifice de votre vie pour pouvoir sauver celle de vos enfants. Si une maman n’arrive pas à faire ce choix, la  canalisation de l’éducation de vos enfants sera très difficile. La maman est obligée de jouer les deux rôles à la fois. Ce n’est pas facile mais il n’y a pas d’autre choix. Il faut dire que l’absence d’un père est un grand handicap dans l’éducation d’un enfant et dans son  développement. L’une des grandes difficultés aujourd’hui est le développement des médias dans lesquels l’enfant cherche aussi à s’identifier. Et comment faire pour  l’orienter ? A ce niveau s’accentue le conflit entre la mère et l’enfant comme je vous le  soulignais plus  haut. J’avoue que l’éducation d’un enfant sans père est très délicat pour  une femme mère chef de famille».


          En effet, les politiques européens ont compris la sensibilité du phénomène et la construction sociale des mères célibataires revêt un intérêt particulier dans les programmes politiques. Elle est une préoccupation sérieuse dans le monde surtout en Europe, surtout dans les pays ayant subi de plein fouet les effets de la guerre. Parce que les  hommes étant obligés d’aller à la guerre, les femmes étaient contraintes d’assumer les responsabilités de chef de famille. Et le plus souvent, le mari ne revenant pas de guerre, la femme se retrouvait dans la situation délicate de devoir assumer les deux rôles en permanence. C’est le cas dans plusieurs pays Africains et Européens de l’est comme dans les Balkans. En Afrique certaines femmes se sont vues obligées de vivre cette situation parce que le mari a été tué pendant la guerre civile ou militaire après avoir elles-mêmes vécu les pires traumatismes. En Europe contrairement à l’Afrique, cette expérience a contribué à la mise en place d’une politique sociale afin d’apporter un soutien direct à la maternité, la promotion des droits de la travailleuse mère. La distribution des chèques familiaux et des détractions fiscales pour les membres des familles. 
Malgré toutes ces mesures les single mothers, constituent les personnes les plus fragiles de la société parce qu’elles se retrouvent les plus dégarnies de ressources conventionnelles et moins reconnues d'un système de développement. 
Aujourd’hui beaucoup d’organisations féminines luttent pour le respect des droits de ces  femmes mères seules et demandent aux dirigeants politiques le droit de faire porter leur   nom  à  leurs  progénitures. 

            Au-delà de l’aspect économique, il faut ajouter la stigmatisation dont sont victimes celles qui ont eu à devenir mère célibataires sans être mariées au préalable. Encore aujourd’hui, malgré une émancipation revendiquée, elles sont toujours jugées et condamnées et assimilées à des pècheresses dans certaines sociétés africaines. C’est le cas au Maroc où avoir des relations sexuelles en dehors du mariage est proscrit et est passible d’une peine de prison, une législation qui a contribué à mettre au ban de la société de nombreuses jeunes femmes qui se sont vu traitées en pestiférées par leur propre famille. Pour éviter cette stigmatisation, certaines femmes vont jusqu’à risquer leur vie dans des avortements clandestins également interdits, même en cas de viol. Djamila (pseudonyme), 29 ans, est mère de deux enfants, un garçon de 4 ans et une fille de 2 ans et demi. Leur père est son cousin, pour qui elle avait tout abandonné. Elle vit aujourd’hui loin de sa famille à Fez. Elle raconte : « Il était prévu que l’on se marie mais c’était toujours reporté à plus tard. Il me disait qu’il ne m’abandonnerai pas que je ne devais pas m’inquiéter qu’on n’était pas pressé. J’ai eu tort de lui faire confiance car je suis tombé enceinte entre temps. Je n’avais aucune idée de la manière de ce qu’il fallait faire car ce n’étaient pas des choses dont on discutait avec ma mère. Ce fut pour moi le début de l’enfer. On a fini par se disputer tout le temps car il ne voulait plus se marier, il ne voulait plus de moi. Ma famille m’a reniée. Ce fut la pire période de ma vie. J’ai même porté plainte contre lui et dépensé énormément d’argent. Après lui avoir pardonné une première fois en abandonnant les poursuites judiciaires, je lui reparlais souvent du mariage, il disait qu’il aimait notre fille et que le mariage n’était pas une affaire urgente, qu’il finirait par reconnaitre l’enfant pour qu’elle ait une vie normale. Il me rassurait et me faisait croire qu’il m’aimait, j’ai baissé ma garde et vu que je ne prenais aucune précaution, je suis retombée enceinte. Il a voulu que j’avorte car avec un deuxième enfant notre vie serait encore plus compliquée mais c’était hors de question. Des amies étaient mortes en essayant d’avorter clandestinement. Je n’ai pas voulu prendre le risque. Aujourd’hui, il nous a quittés et n’est pas présent pour les enfants. Je suis femme de ménage, quand on fait appel à moi. Ce n’est pas un travail fixe. Il arrive que je travaille toute la journée pour seulement 100 dirhams (environ 9 euros). Souvent, après avoir payé le loyer, je n’ai plus de quoi nourrir mes enfants. J’ai dû déménager chez mes parents, qui m’ont clairement fait comprendre que j’étais la honte de la famille et que je n’avais plus ma place chez eux. Je me sens exclue et ce sera pire pour mes enfants. Ils portent mon nom mais resteront des bâtards quoi qu’il arrive aux yeux de la loi marocaine (enfant ‘’zina’’, c’est-à-dire, issu de la fornication). Ce statut apparait dans l’état civil, avec la particule ‘’abd’’ devant un nom choisi par la mère sur une liste qu’on lui impose. Si je ne travaille pas, je ne sors pas. Lorsque les gens me regardent, ils pensent ‘’péché’’ immédiatement et ça, je ne le supporte plus ; j’ai l’impression de devoir payer cette faute tout ma vie durant. Tout le monde me répète que je dois les abandonner, qu’ils sont la source de mes problèmes. Cette pression est très dure à supporter, en plus de l’exclusion et de la précarité. Quel homme voudra de moi ? J’ai deux enfants et je n’ai jamais été mariée. C’est la pire des malédictions au Maroc. Je passe mon temps à penser à tous mes problèmes. J’aurais voulu offrir un autre avenir à mes enfants. Là, mon fils ne va toujours pas à l’école faute de moyens. Je suis analphabète, j’aurais aimé qu’il ne le soit pas. Il est temps que les mentalités changent. Etre mère célibataire est la pire des choses. Les gens te pointent du doigt. De plus en plus, les jeunes filles n’attendent plus le mariage pour avoir des relations sexuelles. Tant qu’elles ne tombent pas enceinte, elles sont protégées, mais pour celles qui ont le malheur de faire apparaitre un ventre rond, c’est la fin du monde. Le Maroc est un pays d’hypocrites ».

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           Au vu de ces témoignages poignants, il reste clair que le phénomène des mères célibataires reste un problème d’actualité dans nos pays car, nombreuses sont les sociétés qui désavouent ces femmes sans ménagements et les laisse seules face à un destin souvent sombre. Cumulant plusieurs emplois, alternant foyer et obligations professionnelles, devant assurer le rôle d’un père absent et d’une mère souffrant en silence, une situation pesante et traumatisante qui souvent ne connait pas de fin avant de longues années. La leçon à tirer de cet état des faits est que les dirigeants Africains devraient se pencher sur leur politique sociale vis-à-vis de la population, surtout les celles les plus fragiles comme les femmes célibataires car l’exemple de la gestion sociale à l’Européenne est un modèle digne de bonne gouvernance. 

QUELQUES CONSEILS POUR MERES CELIBATAIRE :

Non, tu n’es pas seule

Tu n’as plus de compagnon, mais tu as un ou plusieurs charmants enfants avec toi. Leur papa n’est plus là, mais tu dois penser à eux maintenant… et à toi aussi. La vie de maman célibataire n’est pas un long fleuve tranquille, et c’est autour de toi qu’elle s’organise.

Ne dis pas du mal de leur  papa devant tes enfants

Voilà un écueil difficile à éviter, mais il est très important de s’y tenir. N’oublie pas que, quoiqu’il arrive, ton ex est le papa de tes enfants. Même si vous n’êtes pas en bons termes ou que la séparation a été difficile, tu ne dois pas parler négativement de lui devant tes enfants, au risque de les blesser voire de les retourner contre toi. Réserve tes griefs pour tes copines.

Ne présente pas le premier venu à tes enfants

Avoir une vie amoureuse, oui bien sûr, mais le bon sens souffle d’éviter le défilé. Je te déconseille de présenter tes conquêtes à tes enfants. Sauf si tu penses que «c’est le bon ».

Ne te laisse pas aller

Oui, ok, tu es seule maintenant, mais cela veut dire que tu es célibataire, et ça n’a pas que des désavantages. Alors on se reprend. On prend soin de soi, on se maquille, on se fait belle… pour soi, avant tout !

N’essaie pas par tous les moyens de connaître en détail la nouvelle vie de ton ex

La curiosité est un très vilain défaut… A quoi ça te sert de savoir que ton ex a rencontré quelqu’un, qu’elle a tel âge, qu’elle fait tel métier… A part te faire du mal, tu ne seras pas plus avancée. Ce n’est donc pas la peine de soumettre tes enfants à un véritable interrogatoire dès leur retour de week-end.

Ne cache pas tes émotions à tes enfants

Tu as le droit d’avoir des baisses de moral, tu n’es pas un robot ! Il n’y a aucune honte à cela. Tu as le droit de dire à tes enfants que tu n’es pas très en forme mais que ça va aller mieux, en quelques mots et sans dramatiser. Une explication simple et claire vaut mieux qu’un long silence… les enfants ne sont pas idiots, on peut leur expliquer les choses avec des mots simplement choisis pour qu’ils comprennent en fonction de leur âge.

N’essaie pas de te débrouiller toujours seule

Pourquoi te débrouiller toute seule si on te propose de t’aider ? Tu n’es pas une mauvaise mère pour autant. Si tu as la chance de vivre près de tes parents, de tes frères et sœurs ou si tes copines se proposent, n’hésite pas à accepter leur aide.

Dernier conseil : Quand on se retrouve célibataire avec ses enfants, on a deux vies, sa vie de maman et sa vie de femme ! Si je devais te donner un conseil c’est de trouver un juste milieu entre les deux. Tu ne peux pas être une maman épanouie si tu n’es pas une femme épanouie et vice versa. Bon courage !

 


 Monica Kalla-Lobé.