• 05 / Feb / 2025
Fermer

32 ans de mariage et toujours aussi amoureux: Interview avec un couple sénégalais

Si dans certains mariages, le temps ainsi que les difficultés de la vie ont eu raison d’eux, ce n’est certainement pas le cas pour d’autres. D’autres pour qui les épreuves du mariage sont des sources de motivations dans leurs luttes pour la persévérance et la conservation de la complicité des premiers mois ou années de vie commune. Le mariage de Maman Coumba et d’Idrissa est de ceux-là.

 A la cité Asecna, non loin de la grande mosquée dudit quartier, se dresse une bâtisse aux teintes roses, rouges et blanches : c’est la demeure des Fall. Dès les premiers pas à l’intérieur de la maisonnée, une forte odeur d’encens se dégage de partout, ainsi qu’une multitude d’éclat de rire, témoin de la bonne ambiance dans la maison de Maman Coumba. Assise aux pieds du canapé ou se repose son mari, qui de temps à autre effectue des mouvements circulaires avec ses doigts sur les cheveux de sa femme, la discussion va bon train. Entourée de ses trois enfants, Maman Coumba rit a gorge déployé des blagues de son mari qui portent sur sa tenue de jeune mariée en 1984 date de leur union. Tout dans la maison de cette dame de 57 ans est synonyme de chaleur humaine, de complicité et de bonheur  même si cela n’a pas toujours été facile dit elle « J’ai dû travailler dur pour que ma maison soit un havre de paix pour moi, mon mari, mes enfants ainsi que pour les personnes qui auront à nous côtoyer. Le devoir d’une femme est d’être chaleureuse et accueillante et de refléter ces deux aspects dans son milieu de vie afin que tout le monde s’y sente à l’aise »

Néanmoins il ne serait pas prétentieux de se demander si les trois décennies de mariage ont-ils toujours été rose, si l’on prend en considération les sauts d’humeurs, la pression de la belle famille, les enfants, les tracas de la vie quotidienne. Il est clair que le mariage ce n’est pas aussi savoureux qu’une glace à la vanille, alors pour quelqu’un qui y a quand même consacré trente-deux ans de sa vie, c’est intriguant. Nos doutes vont vite être confirmés par Mme Fall. « Le mariage, tout le monde en conviendra avec moi que c’est une institution, une union sacrée bénie par dieu et les hommes. Les débuts sont fabuleux mais dès qu’on commence à prendre nos aises, cela se transforme en un véritable champ de bataille, car il y’a tellement de chose à gérer et tellement de personnes à satisfaire sans parler des humeurs et de la pression d’une belle famille parfois méchante dans le cas de certaines femmes. Mais je me suis battue car j’ai vite fait de comprendre que le mariage n’était pas un jeu, que c’était un engagement pour la vie, alors je suis restée et j’ai accepté d’endurer et je le fais toujours d’ailleurs» nous édifie-t-elle.

Toutefois, même si Maman Coumba confirme que son mariage n’a pas toujours été à l’image du bonheur que nous avons retrouvé dans sa maison, elle se ravie et salue quand même le courage ainsi que le soutien sans faille de son époux et de ces enfants pendant  ces trois décennies de mariage. Les regards complices, les caresses sur les cheveux, les heures de prières, les heures de repas en sont les preuves dans la demeure des Fall. «  Mon mari et moi partageons tous les moments dans la journée. Quand je suis dans la cuisine il y est avec moi, quand je sers le repas il nettoie toujours les cuillères et dresse la table, il dirige la prière et me fait comprendre d’un coup d’œil ce qu’il veut dire ou avoir sans avoir le besoin de me le dire. La pression de ses trente-deux ans de mariage, les moments de faiblesse et de deuil ont été moins lourds à porter grâce à la présence et à l’amour grandissant de mon mari. S’il est arrivé que d’autres me fassent souffrir, mon mari a été le pompier qui éteignait le feu dans mon cœur meurtri par certains évènements dont je ne parlerais pas… » Confesse-t-elle.  Sans lui donner le temps de continuer sa phrase son époux Idrissa Fall clame sur un ton ironique « tu es mon rayon de soleil, donc quoi de plus normal », ce qui créa un  éclat de rire général chez ses enfants et son épouse totalement émue des dernières paroles de l’homme qui partage sa vie.

Puisque le mariage est une union à deux, le sieur Idrissa Fall, du haut de ses 60 années de vie, a tenu à rendre hommage à son épouse via la plateforme. Reprenant tout d’un coup son sérieux qu’il avait perdu durant tout le récit de son épouse, il demande à celle-ci de s’agenouiller à ses pieds avant de commencer à réciter des prières sur la tête de son épouse. Entouré de ses trois enfants il déclare «  je ne sais pas comment se comportent les autres femmes dans leurs foyers respectifs, mais ce qui est sûr c’est qu’aucune d’entre elle ne lui arrive  à la cheville. Voyez-vous, je ne suis pas facile à vivre, je suis malade, j’ai un régime spécial et je suis grincheux et parfois très désagréable avec tout le monde, mais ma femme a su relever un défi que d’autres avant elles n’ont pas su faire. Elle me respecte et a veillé à ce que nos enfants en fassent pareil. Jamais pendant ces trente années de mariage, elle n’a une seule fois élevée la voix sur moi, jamais»

Ne dit-on pas que la bénédiction d’un époux est toujours bénéfique pour sa femme, quoi qu’il en soit Mr. Fall n’a pas été avare à ce sujet ni en matière de compliments d’ailleurs à l’égard de son épouse toujours à ces pieds il assène «  tu as toute ma gratitude Coumba, que le seigneur m’en soit témoin : je suis fière de toi et j’ajouterai que je suis l’époux le plus comblé sur cette terre et cela encore une fois grâce à ta bienveillance et à ta patience avec moi. Merci du fond du cœur »

Une déclaration qui n’a pas manqué d’arracher quelques larmes de joie à Maman Coumba et à sa fille cadette Khadija qui elle aussi affirme à son tour avoir « la meilleure maman au monde ». 

Maman Coumba dans ses derniers mots n’a pas manqué de spécifier aux femmes que seule la patience et la bienveillance ainsi que la capacité d’endurance envers leurs maris et leurs belle-famille différencient les meilleures d’entre elles aux pires. Sa maison est ce qu’elle est aujourd’hui car ce sont des valeurs qu’elle s’est inculquée au cours de ses trente années de mariage qui n’ont toujours pas ébranlé la complicité du couple Fall.

STG : AISSATA NDIAYE