Les femmes sont bonnes
partout a-t-on l’habitude d’entendre de part et d’autre. Quoi de plus vrai si
l’on constate que des particuliers ou des organismes étatiques n’hésitent pas à
leur confier des taches aussi importantes que la sécurité de leurs biens et la
responsabilité d’assurer la protection de la vie humaine. Ces femmes, notre
rédaction a fait leurs rencontres. Certaines assises droites comme des piques
devant la devanture des maisons, d’autres devant des structures bancaires ou
encore devant des supérettes. Pour en savoir plus sur leur quotidien de femme
responsable de sécurité, le travail qu’elles font, les dangers qu’elles
encourent au quotidien nous sommes allées voir certaines d’entre elles.
Il est 18 heures passé de 23
minutes aux Mamelles. Le quartier est certes bien calme mais les cents pas
d’une femme armée, raisonnent sur le sol pavé d’une banque de la place. Vêtue d’un
uniforme dans les teintes jaune et noir, Fatima Ba est à l’affut du moindre
petit mouvement environnant la banque. Interpellée sur la durée de son métier
elle répond machinalement tout en continuant ces cents pas « j’exerce
le métier d’agent de sécurité depuis plus de 7 ans. C’est ici que je me sens à
ma place, c’est dans ce métier que je me sens utile et au-delà des idéologies
sexistes. » Pourtant l’on ne croirait pas que des femmes peuvent exercer
un tel métier, d’ailleurs c’est surement ce qui explique le fait qu’on en voit que très peu. Il apparaît donc que le
recrutement des femmes dans les agences de sécurité ne doit pas être très aisé.
Fatima n’en disconvient pas en tous cas. « J’avoue que mon recrutement n’a
pas été facile. J’ai dû faire mes preuves parfois même plus que les hommes.
J’avais l’impression qu’on me regardait tout le temps de haut. Ce n’était pas déstabilisant
au contraire c’était plutôt motivant. Même mes supérieurs n’avaient pas
confiance en mes capacités en tant que femme. Il ont tout fait pour que je
parte de mon propre gré mais j’ai tenu bon jusqu’ici ». explique-t-elle.
Si pour les femmes de la trempe et du caractère
de Fatima, tenir bon pendant 7 ans dans cette jungle masculine qu’est la sécurité,
pour celles comme Odette qui en sont au tout début de leur carrière d’agent de sécurité,
ce n’est pas du tout évident. Tout comme Fatima, elle est aussi passée par des
moments ou elle ne voyait que de l’obscurité. Pas la moindre petite étincelle
de lumière ne venait lui illuminer le passage dans son métier de vigile surtout
en sa qualité de femme mais surtout de mère de famille. D’ailleurs aussi
incroyable que cela puisse paraître du haut de ces 23 ans, derrière son apparence
de femme fatale tenant coûte que coûte à la sécurité des biens dans la supérette
dont elle assure la sécurité, Odette est mère de deux bouts de bois de dieu. Au
lieu d’être un handicap ils sont plutôt synonymes de motivation et d’énergie. « Mes
enfants me réveille tous les jours à 5 heures du matin, a l’heure où ils
doivent se préparer à rejoindre l’école, pour que j’aille monter la garde. Ils
me font même mon petit déjeuner avec mon mari. Mon travail ne me pousse pas
pour autant à oublier mon rôle de femme mariée. La preuve j’ai fait deux
merveilleux bouts de chou à mon mari. »Ironise-t-elle.
Néanmoins le monde de la sécurité reste un
domaine de prédilection et de préférence pour les hommes. Etre une femme dans
ce métier ne doit pas être une partie de plaisir pour celles-ci. Cela, parce
que la crainte et le respect de l’autorité d’une femme au poste de vigile ne
doivent pas être au rendez-vous pour la plupart du temps. La majorité des gens
sont plutôt susceptible de faire preuve de dénigrement d’irrespect, et de
remarques blessantes quant à la compétence d’une femme à effectuer un travail
de ce genre. C’est du moins l’avis d’Oumy Bathily qui est dans le milieu depuis
13 ans, et qui affirme en avoir vu de toutes les couleurs avec toutes sortes
d’individus. « Les gens d’habitude quand ils voient une femme en
tenue d’agent de sécurité, ils ont plutôt envie de tester tes limites pour voir
jusqu’ où tu peux rester professionnelle dans l’exercice de tes fonctions.
Alors quand ce n’est pas de la provocation, ou le dénigrement, c’est de la méchanceté
gratuite ou des actes de violence soit physiques soit verbales, ou encore des
tests à en plus finir quant à tes compétences en tant que femme d’exercer ce métier. » Se désole-t-elle.
Pourtant il n’y a pas de différenciation
dans la formation que reçoivent les hommes ou les femmes désireuse de devenir
vigiles. La formation est la même pour tous. Aucune forme de paresse ou de
faute n’est tolérée ni pour les hommes ni pour les femmes. Alors il serait judicieux
de se demander pourquoi teste-t-on les limites ou le professionnalisme des
femmes qui montent la garde à certains endroits. Abdourahme Goudiaby, vigile
aussi pense que cela est plutôt psychologique chez les gens car c’est très peu
commun de rencontrer des femmes dans ce milieu. »La sécurité, selon la
mentalité des hommes, des africains surtout, est un métier purement masculin.
Pour certains hommes, c’est insultant de voire que leur sécurité et celui de
leurs des biens est assurée par une femme. » Déclare t’il. Mademba quant à
lui trouve cette attitude complètement puérile et sans fondement de juger les compétences
de quelqu’un par rapport au sexe « hommes comme femmes sont bons
dans tous les domaines que ce soit. Le sexe n’est pas une raison suffisante
pour juger des aptitudes de quelqu’un. Les femmes feraient même preuve de sérieux
et de précision dans l’exercice de cette profession » décrète t’il.
Fatima, Odette et Oumy
clament haut et fort leur déception et leur désillusion dans ce monde qui prône
aux yeux de toute l’égalité des chances dans les recrutements, alors que la
réalité est tout autre dans certains domaines ou l’homme est idéalisé. La faute
aux traditions africaines, à la société ou aux lois de la vie sociale ou encore
à sa répartition inégalitaire de
certains travaux ou les femmes n’auraient soit disant pas leur place, tout
porte à croire que les réponses à ces questions ne seront jamais unanimes.
STG : AISSATA NDIAYE