Chaque soir, il n’est pas très rare de voir des femmes vendeuses de quelques produits alimentaires,assises devant leurs étalages sur des sièges aux confort douteux, hélant quelques fois de parts et d’autres des passants. Cependant, ce qui attise aujourd’hui la curiosité de la rédaction, c’est qu’elles le font la nuit, malgré une sécurité très peu garantie dans certaines de ces rues. Même si les revenus ne sont pas faramineux au point de couvrir les frais relativement couteux de la vie, elles ne se privent cependant pas de celles-ci même si le danger est présent en permanence.
Devant la rue qui donne l’entrée à la cité Asecna, se tient tous les soirs Maretou Sy ou Maretou ‘’salade’’ comme l’appelle affectueusement sa clientèle. Cette dame à la peau noire et au sourire bienveillant met frénétiquement de la salade dans des sachets plastique pour les remettre aux clients qui attendent. Ces gestes sont presque machinales mais rempli de délicatesse dans une ambiance bonne enfant et chaleureuse. « Je suis mère de 12 enfants, mon mari est décédé depuis bientôt trois ans, donc je fais ce petit boulot pour venir en aide à mes enfants par rapport aux frais de scolarité et des petits besoins de ma maison. » nous explique-t-elle.
Cependant son commerce ne semble pourtant pas rapporter beaucoup, sans parler du fait qu’il est relativement fatiguant pour une dame de son âge et de sa carrure dû aux déplacements des bassines de salades qui se succèdent devant elle et aux nombreuses aller-retour pour chercher de part et d’autre de la monnaie. Nos doutes vont vite être confirmé par mère Maretou salade « ce travail est très fatigant certes, mais je n’ai pas le choix si je ne veux pas avoir à faire la manche. Je veux vivre en restant digne quoi qu’il arrive et si ce petit boulot peut m’aider, je le ferai sans rechigner même si mes jambes deviennent de plus en plus lourdes. Les revenus ne sont en effet pas considérable mais je suis bien obligée de faire avec sans en tenir compte.» se justifie-t-elle.
A quelque pâté de maison de là où se trouve mère Maretou salade, se dresse la table d’une autre femme. Celle de Seynabou. Sur la table de Seynabou, des calebasses de couscous, de la bouillie de mil, ainsi que quelques seaux de lait occupent entièrement l’espace. Sur un banc juste à coté de la table, des hommes, des femmes, et des enfants attendent docilement d’être servi sur l’un des délicieux mets qu’elle a concoctés. Quant à Seynabou, plongeant tantôt la louche dans tel ou tel récipient, elle s’affaire à servir tout le monde, riant ou grondant selon la tranche d’âge du client. Après environ quatre heures de travail à la fin desquelles, elle épuise l’ensemble de sa table, elle s’assoit lourdement sur sa chaise pour enfin répondre à nos questions. Interrogée sur la durée de son petit commerce et de ses revenus elle abhorre un petit sourire avant de se lancer dans une longue explication décrivant son quotidien de femme active. « Je fais ce travail depuis bientôt 10 ans, et je dois avouer que c’est harassant. Toutefois j’arrive à ressembler la somme nécessaire a l’entretien de mes enfants et de leurs scolarités. Je suis une femme indépendante grâce à mon travail. Mes revenus malgré ce qu’on pourrait croire couvrent l’ensemble de mes besoins, je parviens même à faire des économies. » Nous confesse-t-elle.
Interpellée sur les problèmes sécuritaires dans les rues dans lesquelles elles travaillent, d’autant plus qu’elles le font la nuit, elles expriment toutes les deux leurs inquiétudes face à cette situation. Mais disent cependant ne pas avoir d’autres moyens de subsistance pour faire vivre leurs familles respectives. Elles affirment donc être dans l’obligation de travailler dans l’insécurité a la portée des dangers nocturnes même sans défense. Néanmoins,elles déclarent croire en une puissance divine qui veille sur elles depuis toujours. Ma féminité souhaite donc bon vent, chance et courage à ces deux braves dames qui travaillent au jour le jour livrées aux dangers de la rue.
STG : AISSATA NDIAYE