Le
RAPHIA (mot d’origine malgache attesté en 1652) est un genre de palmiers de la
famille des Arecaceae, de division Magnoliophyta, que l’on rencontre dans les milieux
marécageux et le long des fleuves. Les feuilles de Raphia peuvent atteindre 25
mètre sur 4, ce qui en fait les feuilles les plus longues du règne végétal.
Ces
feuilles ne sont pas à ramasser et bonnes pour la poubelle. Elles sont d’une
extrême importance tout comme les couches qui se trouvent sous l’écorce. D’habitude,
le raphia est obtenu à partir de jeunes feuilles de palmier, séchées, puis
émincées en fils battus pour lui donner de la flexibilité. D’autres ethnies
créent également le fil à partir de « liber », couche filandreuse
située juste sous l’écorce.
Le raphia est tissé par des hommes et les femmes se chargent
ensuite de les broder avec des figures géométriques, porteurs de tout un
symbole, liées à l’histoire des ethnies, aux rituels de passage des morts. Il
est très souvent utilisé au Zaïre raison pour laquelle on l’appelle RAPHIA KUBA
DU ZAIRE, mais c’est également utilisé dans d’autres pays africains.
Les
fils du raphia peuvent être teintés avant ou après le tissage avec
d’éventuelles réserves pour obtenir plusieurs teintes. Les tissus les plus
travaillés sont les velours du Kasaï qui sont des canevas presque carrés en
raphia brodé, où sont insérés à chaque maille des picots très denses de raphia,
qui lui confèrent son aspect velouté. C’est un long travail qu’effectuent les
tisserands pour réaliser le raphia.
D’après certaines sources, l’usage de ces tissus était
cérémonial, comme monnaies d’échange ou pour ensevelir les morts. La complexité
des parures augmente avec le rang social, et des cauris étant parfois insérés
dans la fibre des plus belles.
L’aspect
social y joue un rôle également et cette dame du nom de Fatou Binetou Rassoul Dème
qui a eu à séjourner au Gabon en témoigne : « le raphia est très
utilisé au Gabon mais il est porté le plus souvent par les riches. Il fait partie
des plus nobles tissus de là-bas et on en crée de jolis modèles mélangés avec
du Wax ou du Bazin. Et puis
le plus agréable c’est que c’est du consommé local ; C’est des citoyens
qui s’installent dans la rue, les marchés ou dans les quartiers pauvres qui le
fabrique »
Baba Moussou, vieux tisserand, d’origine malienne, trouvé dans son petit
atelier à Colobane qu’il considère comme sa G.E (grande entreprise) n’a fait
que solidifier les propos de la dame : « nous travaillons
durement pour gagner notre vie. Nous n’avons pas d’industrie. Notre entreprise
c’est la rue alors que nos produits sont plus originaux que ceux qui sont
produits dans les fabriques». Cependant, même s’il n’a pas voulu qu’on
photographie ses tissages, il a quand même été gentil en nous parlant encore
plus sur le raphia méconnu dans certains pays africains notamment le Sénégal :
« si seulement les femmes sénégalaises pouvaient revenir à la raison et se
ressourcer. Vous savez nos mamans accordaient beaucoup d’importance aux pagnes
tissés. Au Sénégal, ce n’est pas utilisé mais chez nous au Mali, au Congo, en
Gabon ou même dans d’autres pays, pour se faire belle la femme ou même les
hommes des fois s’habillaient en raphia. Les mamans l’offraient même à leurs
filles nouvellement mariées pour leur motiver à rester dans leurs domiciles
conjugaux».
STG: Ndeye Penda Diallo