FÉMINISME - En 1929, un groupe de femmes Igbo
[ethnie du sud-est du Nigeria] s'est réuni dans la ville nigériane d'Aba afin
de protester contre les politiques fiscales de l'administration coloniale
britannique. Comme armes, elles ont utilisé leurs propres corps nus. Cet
événement, pour beaucoup, a marqué le début d'un mouvement de femmes nigérianes
modernes, et le symbole du corps féminin nu comme outil de protestation.
Une exposition basée à Bruxelles et intitulée "Body Talk: féminisme, sexualité et corps dans l’œuvre de six artistes africaines" suit le récit de l'utilisation du corps comme le moyen des expressions féministes au travers des manifestations contemporaines. Mettant en avant le travail de ces six artistes contemporaines qui viennent du continent africain, l'exposition aura pour objectif d'explorer les divers modes d'expression féministe noire, ainsi que la façon dont le corps peut servir de sujet, d’objet, de modèle, d'outil et de domaine de référence.
L'exposition, qui s'est tenue au Centre d'Art Contemporain WIELS, présente le travail de Zoulikha Bouadbellah, Marcia Kure, Miriam, Syowia Kyambi, Valérie Oka, Tracey Rose et Billie Zangewa. Toutes jouent un rôle actif dans le monde de l'art africain depuis les années 1990. D'abidjan en Côte d'Ivoire, à Princeton dans le New Jersey, ces artistes travaillent sur tous les supports, allant de la vidéo à la représentation, ou encore de la peinture à la sculpture.
"La Renaissance de la Vénus Noire", de Billie Zangewa, réinterprète l'œuvre traditionnelle de Botticelli, peinte en 1486 à Johannesburg, en remplaçant la Vénus Pudica (pudique) par un corps noir qui nie le regard masculin. La technique utilisée, une tapisserie de soie, fait référence à un métier traditionnellement féminin, l'imprégnant avec la puissance d'une déesse contemporaine. L'insigne autour de son corps mentionne "rendre tout son cœur à votre complexité", transmettant la puissance incommensurable de la connaissance de soi.
"L'araignée", de Zoulikha Bouabdellah est une sculpture menaçante composée de huit arcs, chacun représentatifs d'un style architectural différent. Ensemble, les formes de grande envergure créent la silhouette d'une araignée énorme, rappelant l'hommage de Louise Bourgeois à sa mère, "Maman". La pièce évoque des questions concernant la mythologie liée à l'araignée, et de sa relation à la protection, la liberté, la sexualité et l'âme. Bouabdellah offre en sacrifice l'araignée comme une sorte de corps social, pas tout à fait fixe et ouvert sur le monde en mouvement.
Miriam Syowia Kyambi