Le cancer du col de l’utérus est causé
par le papillomavirus humain (VPH), transmis par voie sexuelle, qui constitue
l’infection virale la plus courante des voies génitales. Ce type de cancer
touche les groupes d’âge les plus jeunes pratiquant une activité sexuelle
précoce, et résulte de la multiplicité des partenaires sexuels et de
l’exposition à d’autres infections sexuellement transmises telles que le VIH.
Il
existe plus de 100 types de VPH, dont au moins 13 sont cancérigènes. Deux types
de VPH sont à l’origine de 70 % de tous les cas de cancer du col utérin. Les
hommes et les femmes les plus sexuellement actifs seront infectés par le VPH à
un moment donné de leur vie – et certains pourraient même l’être plus d’une
fois.
L’Organisation
mondiale de la Santé (OMS) estime que les infections par le VPH causent environ
68 000 cas de cancer du col de l’utérus chaque année en Afrique. Toutefois, ces
chiffres constituent très probablement une estimation prudente, compte tenu des
problèmes qui se posent au niveau des systèmes d’information sanitaire et des
registres des cancers dans la Région.
Le
cancer du col de l’utérus est une maladie évitable. Pourtant, il constitue la
cause de cancer la plus fréquente dans la Région africaine, où il représente 22
% de tous les cancers féminins et 12 % de l’ensemble des cancers nouvellement
diagnostiqués chez les hommes et les femmes, chaque année. En Afrique, 34
femmes sur 100 000 sont diagnostiquées d’un cancer du col de l’utérus, et 23
femmes sur 100 000 en meurent chaque année.
En
comparaison, 7 femmes sur 100 000 sont touchées par le cancer du col de
l’utérus en Amérique du Nord, et seulement 3 femmes sur 100 000 en meurent,
chaque année. En Afrique, la majorité des femmes sont diagnostiquées à un stade
avancé du cancer, ce qui explique les mauvais résultats enregistrés.
Pour que le cancer du col de l’utérus soit curable, il faut que le diagnostic soit très précoce, à un stade infra clinique. Il est l’un des rares, sinon le seul cancer dont la prévention est possible et totale grâce à la réalisation du FCV (frottis cervico-utérin). Le FCV est un examen simple et peu couteux qui permet de dépister les lésions précancéreuses. La prise en charge de ces lésions permet d’éviter le cancer du col de l’utérus. La réalisation systématique de cet examen dans les pays développés a permis de réduire de façon considérable la prévalence de ce cancer.
. L’OMS a certifié deux vaccins anti-VPH à l’innocuité avérée, devant être administrés aux filles âgées de 9 à 13 ans. C’est en effet à cet âge-là que le vaccin produit la réponse immunitaire la plus efficace, et il est important de recevoir le vaccin avant l’exposition au VPH.
Le dépistage systématique du cancer du
col de l’utérus et le traitement précoce peuvent prévenir jusqu’à 80 % des cas
de ce cancer si les anomalies au niveau du col utérin sont identifiées à un
stade où elles peuvent être traitées facilement. L’OMS recommande le dépistage
pour toutes les femmes âgées de 30 à 49 ans afin d’identifier des lésions
précancéreuses, qui sont généralement asymptomatiques. La vaccination contre le
VPH est cruciale mais ne remplace pas pour autant la nécessité du dépistage du
cancer du col de l’utérus ni le traitement précoce chez les femmes.
Il est très important que toutes les femmes de la tranche d’âge ciblée soient dépistées, indépendamment de leur statut vaccinal par rapport au VPH, et qu’elles soient traitées si une lésion précancéreuse est détectée. La grande différence dans l’incidence du cancer du col de l’utérus entre les pays développés et les pays en développement résulte de l’absence de programmes nationaux de dépistage et de traitement du cancer du col de l’utérus dans la plupart des pays en développement.
Dans
de nombreuses parties de l’Afrique, le cancer du col de l’utérus n’est
identifié ou traité que lorsqu’il a déjà atteint un stade avancé, à cause du
manque d’accès aux services de soins de santé génésique, de dépistage efficace
et de traitement précoce du cancer.
Il
est possible de prévenir environ un tiers de tous les cancers. Ceci souligne
l’importance de prendre les mesures législatives et réglementaires nécessaires,
et la nécessité de mettre en œuvre les interventions de promotion de la santé qui
prônent la vaccination contre le papillomavirus humain, un accès accru à
l’exercice physique et à une alimentation saine, ainsi que la lutte contre le
tabagisme et l’usage nocif de l’alcool.
«Le
cancer du col de l’utérus est une maladie évitable qui touche un nombre trop
élevé de femmes dans la Région africaine. Il faut de toute urgence intégrer les
programmes de lutte anticancéreuse dans les services de soins de santé sexuelle
et génésique primaires, renforcer la collaboration multisectorielle et améliorer
la sensibilisation à la santé publique afin de faire face à cette maladie
dévastatrice», a indiqué le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS
pour l’Afrique.
Les stratégies visant à lutter contre le cancer du col de l’utérus et à
garantir le traitement de toutes les personnes touchées doivent s’attaquer aux
inégalités en matière de santé qui découlent des conditions sociétales dans
lesquelles les femmes naissent, grandissent, vivent et travaillent afin
d’éliminer les obstacles au développement des enfants, à l’éducation, à
l’emploi, au logement et à l’environnement. Ces stratégies doivent aussi
aborder les facteurs culturels et socioéconomiques qui affectent négativement
le dépistage, la détection précoce et les soins du cancer.
En vue de réduire la charge due au cancer du col de l’utérus dans la Région
africaine, l’OMS continue de fournir aux ministères de la Santé un appui pour
mettre en œuvre les interventions prioritaires de prévention et contrôle du
cancer, dans tout le continuum des services de prévention, de dépistage
précoce, de diagnostic, de traitement et de soins palliatifs. Le cancer est une maladie grave dont le diagnostic est
presque synonyme de mort dans notre contexte. Il se développe de façon
insidieuse et ne devient clinique qu’à un stade très avancé de la maladie.
Malgré le fait que la lutte contre le
cancer du col de l’utérus soit mise en retrait par rapport à celle contre le
cancer du sein, il est important de noter qu’il reste tout de même un danger
pour la majeure partie des femmes ayant une vie sexuelle et ce dès l’adolescence.
Les pouvoirs publics et les organismes de santé devraient mettre en place une
sensibilisation plus accrue afin de permettre aux femmes, première concernées
de comprendre qu’il est possible de prévenir ce type de cancer et surtout qu’une
prise en charge précoce peut éviter une fin dramatique.
Monica Kalla-Lobé.