• 30 / Apr / 2025
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Les Amazones d’Afrique, fortes et fières

Dans un projet commun qui réunit des chanteuses star venues du Mali, du Gabon ou du Nigéria, le producteur Liam Farrell réalise un album aussi vibrant que léché. Où les voix d’Angélique Kidjo, Kandia Kouyaté, Mamani Keïta ou Rokia Koné (entre autres) s’unissent pour défendre les droits des femmes.

La voix forte d’Angélique Kidjo pour ouvrir ce disque aux allures de All-Star au féminin : Les Amazones d’Afrique édité par le label anglais Real World (de Peter Gabriel), et pour cette « République Amazone » vous entendrez les voix de Mariam Doumbia (du duo Amadou et Mariam), Mamani Keita, sa compatriote Kandia Kouyaté un temps surnommée « la dangereuse » au Mali - à cause de l’emprise de sa voix - et puis on trouve aussi la chanteuse Nigérianne Nneka, et d’autre encore j’en oublie, toutes réunies dans ce disque aux allures de manifeste combattif. Parce que leur nom fait référence aux Amazones du Dahomey, corps de régiment militaire fondé au XVIIIème siècle dans ce qui correspond aujourd'hui au Bénin (pays fon), et puis (là c’est plus musical) il évoque aussi les Amazones de Guinées groupe entièrement féminin fondé en 1961 qui existe toujours. Si ces amazones ne jouent pas de tous les instruments (l'essentiel de la production est assuré par Doctor L alias Liam Farrel, à noter la présence de la batteuse Mouneissa Tandina pour les concerts) le titre central du disque est « I Play The Kora » où il n’est pas tellement question de jouer vraiment de la harpe mandingue mais du pouvoir accordé à qui en joue…


« I Play The Kora » par les Amazones d’Afrique et vous entendiez par ordre d’apparition les voix de Mamani Keïta, Rokia Koné et Nneka… Un album chanté en anglais, en bambara, en fon et en français... je traduis ce qu’on vient d’entendre : « Je suis ta mère (aime-moi) je suis ta sœur (aime-moi) je suis ta femme (aime-moi) Tu n'as pas le droit de me battre, Nous les femmes, Toutes les femmes, nous voulons être respectées ; Les Hommes écoutez la chanson que nous vous adressons, Nos maux et nos peines sont nos armes, et nous les femmes voulons les partager avec vous » et Kandia Kouyaté dans le couplet suivant d’ajouter : « Arrêtez de décider pour nous, ne ris pas, ne te moque pas de moi quand je dis que je veux être Présidente de la République, Femme réveille-toi, sache qu'une femme dirige aujourd'hui au Libéria » en l’occurrence Ellen Johnson Sirleaf (économiste, élue depuis 2006, réélue en 2011 elle avait même reçu le Prix Nobel de la paix la même année).


Les Amazones d’Afrique qui s’inscrivent dans une démarche féministe, notion pas toujours évidente en Afrique comme le soulignait l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie. Et très concrètement les Amazones se sont associées à la Fondation Panzi du Docteur Mukwege « l’homme qui répare les femmes » victimes de violences sexuelles en RDC. Pour reprendre le mot de Mamani Kaïta dans le morceau précédent : « ensemble nous serons fortes, ensemble nous serons fières »