• 05 / Feb / 2025
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Le siguiit ou l'épreuve des coups chez les Halpulaars

Le passage de la vie de jeune fille à celle de jeune mariée est très important chez les halpulaars. C’est un moment ou la jeune fille qui devra désormais se soumettre aux devoirs et obligations du mariage, de se préparer physiquement et psychologiquement a ce qui l’attend au sein de sa nouvelle famille. En effet chez les halpulaars, toute jeune fille qui se marie devra rester cloîtrée dans une chambre pendant au moins une semaine, elle n’en sort que pour les besoins d’extrêmes urgences comme la toilette quotidienne par exemple ainsi que les besoins. C’est dans ce contexte qu’est né le siguitt ou l’épreuve des coups si vous voulez.

Si vous avez fait un séjour chez les halpulaars, lors d’une cérémonie de mariage, il est fort probable que vous ayez déjà assisté au siguitt. C’est un jeu, mais, un jeu qui revêt une importance et une signification particulière chez ce peuple que l’on trouve un peu partout en Afrique de l’ouest. Cependant c’est seulement quand la mariée s’est remise de ces fatigues dues à la consommation du mariage que le siguitt est pratiqué dans la chambre de cette dernière. Le siguitt est pratiqué comme suit : la mariée, son époux, leurs amis ainsi que quelques membres de la famille de même que des étrangers qui étaient simplement de passage forment un cercle sur le lit de la mariée.Celle-ci est souvent désignée comme étant celle qui doit ouvrir la danse. Elle se penche alors de façonà ce que son dos soit accessible à tous ceux qui l’entourent et se cache la vue à l’aide du pagne qui la recouvrait le jour de ces nuits de noce ou un oreiller. Puis certains membres du cercle font pleuvoir des coups sur son dos,elle est donc censée deviner lequel lui a donné un des coups qu’elle a reçue et qui font habituellement très mal. Si elle trouve un de ceux qui lui ont tapé sur le dos, le même supplice est aussi infligé à ce dernier. Ainsi de suite jusqu’à ce que l’ensemble des personnes formant le cercle y passe. Le siguitt ne s’arrête que si les individus qui y assistent sont fatigués ou s’ils doivent se nourrir.

A première vue le siguitt peut sembler à celui qui y assiste comme un jeu quelconque visant à aider la mariée à se départir de l’ennui de la chambre dans laquelle elle se trouve, complètement coupée du monde extérieur. Cependant la pratique du siguitt va bien au-delà. C’est une façon pour les ancêtres de mettre la jeune mariée au courant de la vie qui l’attend dans son nouveau domicile. Entendez par là, une manière de lui faire savoir que la vie conjugale n’est pas de tout repos et certainement pas très facile. Elle devra supporter, endurer, tout comme elle a enduré pour les coups lors de sa « retraite » dans la chambre pendant ces 7 jours. Les coups qu’elle recevait lors du siguitt étaient similaires à ceux qu’elle recevra en tant que femme mariée à présent. Elle ne recevra peut être pas des coups proprement dit comme lors du siguitt, mais devra supporter des comportements, des paroles ou encore des actes tous aussi désagréables que les tapes quelques peu douloureuses qu’elle a reçues lors de la pratique du siguitt. En gros cette pratique est un acte symbolique et préparatoire des épreuves de la vie de couple.

Le siguitt continue d’être toujours aussi pratiqué chez les halpulaars, cependant beaucoup de ceux qui la pratiquent en ignorent l’importance et la signification. Pour la plupart de la jeune génération de femme mariée ce n’est qu’un jeu quelconque comme tous les autres. Alors mesdames un retour aux sources s’impose.

STG : AISSATA NDIAYE