Il est de livre qui séduit le lecteur dès qu’il plonge son nez dessus. Il est de livre que l’on n’oublie pas de sitôt .Chemin de sable de Ken bugul est de ceux-là. Quoi de bien plus normal, si ce roman est une production du génie d’une des plus grandes romancières d’Afrique en occurrence Ken bugul pseudonyme de Maretou Mbaye.
L’écrivaine en question a vu le jour en 1947 à Maleme Hodar dans la région de kaffrine. Ken bugul est issu d’une famille nombreuse qui explique selon elle son exclusion de la vie familiale étant dernière de la famille avec un père âge de plus de 85ans. Chose qui ne l’a pas empêché de devenir une des plus grandes intellectuelle de son temps mais aussi une vraie battante pour la cause féminine en Afrique chemin de sable ou riwan en est la preuve.
Riwan ou chemin de sable est une magnifique œuvre autobiographique d’une sacrée romancière sénégalaise. Revenue des illusions occidentales qui en rentrant au bercail devient la 28 eme épouse d’un grand Serigne (marabout) au cœur noble et à la douceur presque légendaire. Ce roman est également une réflexion approfondie sur le mariage, les choix de vie de tout un chacun, l’exaltation de la féminité et de la condition de la femme dans les sociétés traditionnelles africaine. Riwan est rythmé par trois personnages qui ne sont que d’autre version ou des visions dissociées de l’écrivaine elle-même : la folie pour riwan, l’ignorance pour Rama et le mal être pour la narratrice de l’histoire qui avoue avoir retrouvé une identité reconstruite apaisée et réconciliée avec elle-même.
Dote d’une plume chaude et sans détour, Ken Bugul écrit dans la confrontation, non pas celle trop galvaudée de la monogamie et de la polygamie, mais celles des coutumes et mœurs africaine et de la bulle individuelle occidentale du « tout permis », de la féminité du féminisme, du désir de séduction de la jalousie et de la conception de la vie et de la mort. C’est sur ce même chemin sablonneux qui titre l’ouvrage que l’auteur nous raconte sa quête identitaire, loin des clichés sur la vie de couple et la définition des femmes que l’on dit évolué. Riwan ou chemin de sable pose un regard relativement singulier sur la polygamie.
En effet pour une personne comme Ken Bugul ayant vécu et travaillé en France pendant plusieurs années, il lui était légitime de penser que sa voix aurait enrichi celles de ses congénères qui voient dans cette union maritale un instrument avilissant. Maretou Mbaye a pris toutes ces critiques pour en faire à partir de son vécu, un tableau beaucoup moins sombre avec quelque peu de couleurs aux teintes rosées. Car c’est à l’âge mur qu’elle devint la 28eme épouse d’un Serigne, un haut responsable du mouvement religieux mouride, elle était heureuse de vivre dans ce système patriarcal qui assure son statut de « femme libre ». N’y voyant aucune forme d’asservissement,elle y décèle au contraire la connaissance par les coutumes de sa propre féminité ainsi que son authentique rôle de femme. La part belle qu’elle accorde à la polygamie ne lui cause aucun gêne, y compris lorsqu’il s’agit du mariage d’une gamine de treize ans.
Par ailleurs dans ce roman, l’auteur lance ainsi une polémique très sensible sur le statut de la femme dans les sociétés traditionnelles. Une société ou la cohabitation est des plus difficiles entre les coutumes séculaires et un mode de vie de plus en plus occidentalisés. Ses positions peuvent s’expliquer par son séjour en France.Partageant sa vie avec un homme qui abusait d’elle a volonté et l’a violentée assez fréquemment, elle dû fuir auprès de sa famille dans sa terre natale sans mari sans enfants et sans argent, elle fut par la suite une source de honte pour les siens. Son mariage avec le Serigne fut ce qui lui a redoré le blason et lui apporta bonheur et quiétude signe d’une nouvelle renaissance.
Néanmoins qui connait un tant soit peu Ken bugul, saura qu’elle ne mâche pas ses mots et dit ces idées telles qu’elle le pense. Ce qui fait de « riwan ou chemin de sable »un des romans qui marquera à jamais le parcours littéraire de Ken bugul. Toutes les idées reçues de l’occident y sont balayées d’un revers de la main, pour être remplacé par d’autres capable de rehausser l’Afrique et authentiquement notre.