Née à Bruxelles et élevée en Guinée par une mère juriste et un père chef d’entreprise dans une famille de quatre enfants (une grande sœur et deux petits frères), Diaka Camara entame ses études secondaires au lycée français de Conakry, les achève au Texas (Etats Unis) et en 2006, sort diplômée en communication et journalisme de l’université de Houston. En 2010, après un stage à Telemundo TV (filiale de NBC), puis un emploi de gestionnaire de compte à la Chase Bank (pour un salaire annuel de 70 000 dollars), elle abandonne sa vie américaine, y compris son mari, pour s’installer à Conakry avec dans sa tête, quelques projets bien précis. « Telemundo voulait me garder après le stage, mais je me suis rendu compte que, quel que soit ce que j’allais faire pour conquérir le monde, dit-elle en souriant, je voulais le faire depuis la Guinée. A la fin, je me suis dit que c’était chez moi… »
En 2011, Diaka Camara crée son entreprise audiovisuelle CBC WorldWide, et lance l’émission musicale TOP 10. « Lorsque j’étais petite, puis lors de séjours à Conakry quand je vivais au Texas, les programmes de la télé guinéenne que je regardais laissaient vraiment à désirer. Et comme c’est mon domaine de compétence, je me suis dit que je pouvais apporter ma contribution au changement de l’audiovisuel guinéen, explique la jeune femme. Mon objectif est de concevoir des émissions « made in Guinea » qui puissent être vendues partout dans le monde. Comme feuilleton américain Cote Ouest dans les années 1980 ou la série ivoirienne Ma famille dans les années 2000, sans parler de toutes les séries tournées à Nollywood au Nigéria »
Au départ, l’émission était produite sur fond propre et diffusée sur la RTG depuis les Etats-Unis
Le retour à Conakry n’a pourtant pas été simple. Au départ, l’émission était produite sur fond propres et diffusée sur la RTG depuis les Etats-Unis, à raison de deux numéros par mois. « Le plus difficile, c’est de changer les mentalités. Je devais repartir chaque mois en Amérique et je faisais beaucoup d’efforts pour peu de reconnaissance. Quand TOP 10 a commencé, confie-t-elle, on m’a reproché d’américaniser la télévision nationale. Certains voulaient même que je paie pour que l’émission passe à l’antenne! » Quand chaque diffusion lui coutait 5000 dollars…
Mais ses efforts ont porté les fruits. « Au début, c’était du jamais vu en Guinée, ne serait-ce qu’au niveau de laqualité de l’image, souligne Diaka. Les autres émissions de la RTG n’avaient pas de générique ni d’habillage qui leur donnent une vraie identité. Depuis, on a imposé aux autres programmes de faire comme nous »
Une émission pour mettre en lumière les talents guinéens.
Désormais, le sponsoring et la publicité suffisent à couvrir les frais de production de Top 10. Devenue hebdomadaire, l’émission est diffusée tous les vendredis à 20 h 30 sur la jeune chaine privée Espace TV (crée en 2013 par le groupe Hadafo Médias de Lamine Guirassy), dont la ligne éditoriale correspond bien à sa conception de l’audiovisuel. « A Espace TV, c’est donnant-donnant. Ils respectent la programmation, se félicite la productrice-animatrice. Top 10, c’est un mélange d’africanité et d’accidentalité. La seule différence entre un Soul Bangs (chanteur de RNB très populaire) et un Chris Brown, c’est que le premier est né en Guinée. Et je veux avant tout valoriser les talents guinéens et exporter la culture nationale ». Principe qu’elle va appliquer à d’autres créateurs, ceux de la mode, dans Fashion, une nouvelle émission qu’elle prépare avec Espace TV.
En 2014, pour participer à la lutte contre Ebola, CBC Worldwide a produit en partenariat avec l’Unicef, le ministère de la jeunesse et MTN Guinée, un documentaire de vingt-six minutes, 1 sauve 100, pour lequel Diaka Camara est allée à la rencontre de victimes de l’épidémie à travers le pays. Traduit en plusieurs langues (pular, guerzé, malinké sousou, kissi et toma), il était diffusé dans les écoles et les maisons des jeunes. Avec l’appui de l’ambassade des États-Unis, la productrice s’est engagée dans un nouveau projet, cette fois pour lutter contre l’excision. Elle espère ensuite pouvoir lancer une campagne contre l’analphabétisme.
Passionnée du journalisme et de l’audiovisuel, Diaka œuvre aussi dans l’éducation par le billet de sa fondation « Diaka Camara Fondation ». Elle a comme modèle sa mère et Oprah Winfrey. Avec un grand cœur, comme Oprah, elle aimerait faire des grandes choses pour l’Afrique, être la « Oprah » de l’Afrique
Source Apr News