• 11 / Mar / 2025
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INTERVIEW: MATY DIOP,Responsable des femmes de l'association pour la promotion des handicapés de Ouakam

A quelques mètres de la gendarmerie en travaux de réfection de Ouakam, (Dakar-Sénégal) se trouve la maison pour la réinsertion sociale des handicapés. En ces lieux d’un décor sobre et chaleureux, la rédaction de MA FEMINITE a fait la rencontre d’une dame. Une dame de fer au teint assez claire, avec un foulard  coiffant soigneusement sa tête. Cette femme vivant certes avec un handicap physique notamment au niveau des membres inferieurs, se déplace  à l’aide d’un fauteuil roulant. Toutefois elle n’en demeure pas moins très absorbée par l’ouvrage qu’elle effectuait  avec tout l’entrain et le dynamisme qu’il faut à un travail réussi .Elle nous raconte son quotidien au sein du centre ainsi que dans la société avec son handicap.  

Parlez-nous un peu de vous madame ?


Tout d’abord je m’appelle Maty Diop. Je vis ici à Ouakam avec ma famille. Je suis une femme handicapé moteur. Par rapport à mes responsabilités au sein de l’association pour la promotion des handicapés de Ouakam, j’occupe le poste de responsable des femmes. Je supervise ce qu’elles font ici et les aide dans leurs tâches quotidiennes.

Que faites-vous exactement comme activités au sein du centre de réinsertion des handicapés ?


Comme vous venez de le constater, je suis dans la couture. Je fais la coupe de la commande des sacs que nous devons livrer. Je suis aussi dans la transformation des céréales locaux, des fruits et légumes. Je participe également à la confection des sacs en papier pour les cérémonies comme le mariage ou pour les boutiques. Je  suis aussi de celles qui font les jus et le piment que nous revendons après fabrication.


Le handicap ne représente t-il pas un problème assez gênant pour toutes ces activités
 ?


Bien évidemment ce que nous faisons nécessite beaucoup de mouvement et d’agilité .Malheureusement nous ne sommes pas en mesure de les faire, du coup cela ralentit considérablement notre travail en matière de productivité .Paradoxalement, nous croyons en nos capacités et en nous-mêmes. Même si cela n’est pas chose aisée nous le faisons quand même avec les moyens dont nous disposons.

Avez-vous des partenaires qui vous aide un tant soit peu par rapport à vos activités
 ?


Oui nous en avons. Et c’est grâce à ces derniers que nous pouvons bénéficier de pas mal de formations ici relatif à la transformation des produits et à la couture. Notre secrétaire général s’est beaucoup investi dans la recherche de partenaires et cela a fini par porter ces fruits. Nous travaillons avec la fondation Servir le Sénégal de la première dame, la fondation SOCOCIM, et certains représentants des Pays bas pour ne citer que ceux-là.

Comment se passe la commercialisation des produits que vous fabriquez au sein du centre ?


On les expose ici même dans le centre .Par exemple il y’avait pas mal de céréales déjà prêtes à la consommation qui ont été récemment vendues dans une exposition ici même dans laquelle nous rendions hommage à un des nôtres décédé il y’a quelques mois de cela. Les personnes qui y ont participé ont raflé tout ce qu’il y’avait comme produits pour les offrir à leurs familles ou leurs amis .Du coup le stock est épuisé .Nos voisins  aussi en achètent parfois  et petit à petit la marchandise s’écoule et nous en fabriquons davantage.

Les femmes dont vous êtes la responsable au sein du centre sont-elles alphabétisées
 ?


La grande majorité ne l’est pas, bien qu’il y’en a certaines qui ont un peu poussé  dans leurs études. Nous recevons beaucoup de formation ici, cependant aucune d’entre elle n’est relative à l’alphabétisation. Certaines n’hésitent pas à  aller apprendre dans des structures d’alphabétisation de la place en cours du soir, mais pour d’autres par contre ce n’est pas évidant avec les marches et  la hauteur des  lieux.


Aimeriez avoir des structures qui viennent à vous pour vous alphabétiser
 ?

Bien sûr que nous aimerions. C’est dans notre intérêt d’étudier, de lire et de parler une autre langue. Nous serions tous ravis  ici d’avoir des personnes capables de nous y aider.


Savez-vous vous servir d’outils comme l’ordinateur ?


(
Rires) non je ne sais vraiment pas m’en servir. Je  ne sais absolument pas comment cela marche. Je n’ai pas fait  d’études du coup je ne sais pas trop comment m’y prendre ni avec l’ordinateur ni avec l’internet. Mais j’aimerais bien quand même.


Votre famille vous aide t-elle dans l’exercice de vos travaux et dans votre vie sociale ?

En ce qui me concerne, elle m’aide beaucoup. Que cela soit pour le travail que je fais ici ou dans ma vie en dehors du boulot.Je ne manque de rien quand même .Tous les membres de ma famille viennent à mon secours quelques soit la nature du besoin que je peux avoir.

Quels sont les besoins qui se font plus ressentir dans le centre pour un bon déroulement du travail ?

Nous manquons terriblement de matériels ici. Les bols, les tamis, sont souvent des éléments qui nous ralentissent beaucoup dans le processus de la transformation céréalière car nous n’avons pas la quantité suffisante. Ajouter à cela, nous sommes pour beaucoup d’entre nous des handicapés moteur certaines n’ont pas de fauteuils roulant pour faciliter le déplacement .Les maux sont relativement nombreux mais nous nous débrouillons assez bien pour nous en sortir.

Avez-vous un mari et des enfants ?


Non. Pour l’instant je n’en ai pas cependant, j’ose espérer que c’est pour bientôt inchalah (rires).c’est un vœu en tout cas.
 


STG : AISSATA NDIAYE