A quelques mètres de la gendarmerie en
travaux de réfection de Ouakam, (Dakar-Sénégal) se trouve la maison pour la
réinsertion sociale des handicapés. En ces lieux d’un décor sobre et chaleureux,
la rédaction de MA FEMINITE a fait la rencontre d’une dame. Une dame de
fer au teint assez claire, avec un foulard
coiffant soigneusement sa tête. Cette femme vivant certes avec un
handicap physique notamment au niveau des membres inferieurs, se déplace à l’aide d’un fauteuil roulant. Toutefois elle
n’en demeure pas moins très absorbée par l’ouvrage qu’elle effectuait avec tout l’entrain et le dynamisme qu’il faut
à un travail réussi .Elle nous raconte son quotidien au sein du centre ainsi
que dans la société avec son handicap.
Parlez-nous un peu de vous madame ?
Tout d’abord je
m’appelle Maty Diop. Je vis ici à Ouakam avec ma famille. Je suis une femme
handicapé moteur. Par rapport à mes responsabilités au sein de l’association
pour la promotion des handicapés de Ouakam, j’occupe le poste de responsable
des femmes. Je supervise ce qu’elles font ici et les aide dans leurs tâches
quotidiennes.
Que faites-vous exactement comme activités
au sein du centre de réinsertion des handicapés ?
Comme vous
venez de le constater, je suis dans la couture. Je fais la coupe de la commande
des sacs que nous devons livrer. Je suis aussi dans la transformation des
céréales locaux, des fruits et légumes. Je participe également à la confection
des sacs en papier pour les cérémonies comme le mariage ou pour les boutiques.
Je suis aussi de celles qui font les jus
et le piment que nous revendons après fabrication.
Le handicap ne représente t-il pas un
problème assez gênant pour toutes ces activités ?
Bien évidemment
ce que nous faisons nécessite beaucoup de mouvement et d’agilité .Malheureusement
nous ne sommes pas en mesure de les faire, du coup cela ralentit considérablement
notre travail en matière de productivité .Paradoxalement, nous croyons en
nos capacités et en nous-mêmes. Même si cela n’est pas chose aisée nous le
faisons quand même avec les moyens dont nous disposons.
Avez-vous des partenaires qui vous aide un
tant soit peu par rapport à vos activités ?
Oui nous en
avons. Et c’est grâce à ces derniers que nous pouvons bénéficier de pas mal de
formations ici relatif à la transformation des produits et à la couture. Notre
secrétaire général s’est beaucoup investi dans la recherche de partenaires et
cela a fini par porter ces fruits. Nous travaillons avec la fondation Servir le
Sénégal de la première dame, la fondation SOCOCIM, et certains représentants
des Pays bas pour ne citer que ceux-là.
Comment se passe la commercialisation des
produits que vous fabriquez au sein du centre ?
On les expose
ici même dans le centre .Par exemple il y’avait pas mal de céréales déjà prêtes
à la consommation qui ont été récemment vendues dans une exposition ici même
dans laquelle nous rendions hommage à un des nôtres décédé il y’a quelques mois
de cela. Les personnes qui y ont participé ont raflé tout ce qu’il y’avait
comme produits pour les offrir à leurs familles ou leurs amis .Du coup le
stock est épuisé .Nos voisins aussi en achètent
parfois et petit à petit la marchandise
s’écoule et nous en fabriquons davantage.
Les femmes dont vous êtes la responsable au
sein du centre sont-elles alphabétisées ?
La grande
majorité ne l’est pas, bien qu’il y’en a certaines qui ont un peu poussé dans leurs études. Nous recevons beaucoup de
formation ici, cependant aucune d’entre elle n’est relative à
l’alphabétisation. Certaines n’hésitent pas à
aller apprendre dans des structures d’alphabétisation de la place en
cours du soir, mais pour d’autres par contre ce n’est pas évidant avec les
marches et la hauteur des lieux.
Aimeriez avoir des structures qui viennent
à vous pour vous alphabétiser ?
Bien sûr que
nous aimerions. C’est dans notre intérêt d’étudier, de lire et de parler une
autre langue. Nous serions tous ravis ici d’avoir des personnes capables de nous y
aider.
Savez-vous vous servir d’outils comme
l’ordinateur ?
(Rires) non je ne sais vraiment pas
m’en servir. Je ne sais absolument pas
comment cela marche. Je n’ai pas fait
d’études du coup je ne sais pas trop comment m’y prendre ni avec
l’ordinateur ni avec l’internet. Mais j’aimerais bien quand même.
Votre famille vous aide t-elle dans
l’exercice de vos travaux et dans votre vie sociale ?
En ce qui me concerne,
elle m’aide beaucoup. Que cela soit pour le travail que je fais ici ou dans ma
vie en dehors du boulot.Je ne manque de rien quand même .Tous les membres de ma
famille viennent à mon secours quelques soit la nature du besoin que je peux
avoir.
Quels sont les besoins qui se font plus
ressentir dans le centre pour un bon déroulement du travail ?
Nous manquons
terriblement de matériels ici. Les bols, les tamis, sont souvent des éléments
qui nous ralentissent beaucoup dans le processus de la transformation
céréalière car nous n’avons pas la quantité suffisante. Ajouter à cela, nous
sommes pour beaucoup d’entre nous des handicapés moteur certaines n’ont pas de
fauteuils roulant pour faciliter le déplacement .Les maux sont relativement
nombreux mais nous nous débrouillons assez bien pour nous en sortir.
Avez-vous un mari et des enfants ?
Non. Pour
l’instant je n’en ai pas cependant, j’ose espérer que c’est pour bientôt
inchalah (rires).c’est un vœu en tout cas.
STG : AISSATA NDIAYE
- 11 / Mar / 2025
INTERVIEW: MATY DIOP,Responsable des femmes de l'association pour la promotion des handicapés de Ouakam
2017-04-03 00:00:00
1893 vue(s)
Newsletter
Inscrivez-vous à notre newsletter
Plus Populaires
Cohabitation avec la belle-famille: Témoignage de Fatou Binetou; Ma belle-famille est un don de Dieu
2017-03-31 00:00:00
5210 vue(s)