• 29 / Apr / 2025
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Reportage:Ces femmes dont l'infertilité a brisé leur ménage

La société africaine met un point d’honneur à la capacité de procréation de la femme. Même dans une société qui tend de plus en plus vers la modernité, donner un enfant à son mari est chose primordiale pour obtenir la paix dans son foyer. C’est du moins l’avis de ces dames qui ont fait la rencontre de la rédaction de MA FÉMINITÉ. Elles sont deux, leur ménage n’a pas tenu bien longtemps à cause de leurs incapacités à donner un enfant à leurs maris. Elles témoignent.

Elle n’a que 25 ans, elle est jeune et belle. Pourtant derrière son visage d’ange se cache tout un quotidien fait d’incertitude, de peur et de blessure causé par l’absence d’un enfant dans son mariage ou plutôt ancien mariage. Oulimata Sané est une de ces femmes, que la belle famille n’a pas hésité à traiter «  de femme dépourvu d’ovules fertiles ». Pourtant dieu sait combien c’était son plus ardent souhait mais le maître suprême en a décidé autrement lors de son mariage éclair. «  Je me suis mariée en décembre 2014 avec un homme que j’adorais et qui me le rendait bien. Mais à cause de mon infertilité, mon ménage a volé en éclat après seulement deux ans de vie commune. Pourtant  ce n’était pas de ma faute » se désole-t-elle.

Oulimata l’a dit ce n’était nullement de sa faute. Cependant est-ce l’avis de différents acteurs qui interviennent dans la vie de couple du jeune marié ? Par acteurs entendez le mari, la belle-famille, les amis, les voisins tout un tas de personnes qui trouvent à redire dans le ménage d’autrui. En tout cas Oulimata en veut encore à son mari qui n’a pas su faire preuve de fermeté envers toutes ses personnes qui la pointait du doigt simplement à cause de son incapacité à procréer. « Mon mari s’est comporté d’une manière qui jusqu’ aujourd’hui me choque encore. Moi qui pensais que le mariage était pour le meilleur et pour le pire, je me suis vite résignée à comprendre que pour mon mari, avoir un enfant était une priorité sinon j’étais bonne à sortir de sa vie aussi vite que j’y étais entrée. Au début il n’appréciait pas le fait que sa famille me traite de femme infertile mais quelques temps après il s’y ai mis aussi. Au moindre désaccord, il me rappelait que je n’étais même pas bonne à faire des enfants et me menaçait de me trouver une coépouse. Mon mariage n’a pas tenu à cause de tous cela, on a fini par divorcer pour le bien de tous » regrette Oulimata.

A la cite keur gorgui, dans un somptueux appartement, Dieynaba Ndiaye juge l’histoire d’Oulimata bien moins tragique que la sienne. En effet cette jeune d’à peine 27 ans , la joie de devenir mère ne lui sera hélas pas accordée. Elle se dit résigner à vivre au jour le jour et à s’éloigner définitivement des hommes à cause de la cruauté de son ex mari et de l’ensemble de sa famille. « Je suis tombée des nus quand l’homme que j’aimais a appris que jamais je ne pourrais lui donner un enfant. Pour un proche parent de la famille, sa réaction a cette époque a surpris plus d’un » assène Dieynaba sur un ton mélancolique.

 «  Être infertile n’est pas un crime que je sache. Toutes les femmes rêvent de donner un héritier à leurs époux, mais si cela se révèle impossible, l’homme devrait être un soutien pour son épouse pas un fardeau de plus qui lui rappelle sans cesse que jamais elle n’aura une descendance » crache-t-elle avant d’ajouter «  quand tout le monde dans la maison a fini par savoir que j’étais infertile à cause de mon mari qui me le jetait à la figure à tout bout de champs, je vivais désormais sur un véritable sol miné. Dès que j’ouvrais la bouche pour me plaindre ou ne serait-ce que pour participer à la discussion, chacun me lançait une pique pour me rappeler mon infertilité. Chacun me refusait le droit de toucher à son enfant et même parfois de cuisiner car je porterai soit disant la poisse. Tout le monde a fait son maximum pour me séparer de mon mari que ne réagissait pas non plus. Il s’en ai suivi un divorce dans des conditions atroces car mon mari disait a qui voulait l’entendre que je n’étais capable d’avoir un enfant et donc qu’il n’avait pas besoin de moi. »

Dans la vie chacun a son lot de malheur, néanmoins Oulimata et Dieynaba disent en avoir vécu et endurer plus que la moyenne à cause de l’absence d’un enfant. Elles se sentent toutes les deux inutiles à force de se voir traiter ainsi par d’autres personnes qui elles réussissent sans grande difficulté à avoir des enfants. L’infertilité : un aller simple vers les enfers ou une simple volonté divine, toujours est-il que ce phénomène en fait voir des vertes et des pas mures aux femmes qui en souffrent comme ces deux jeunes dames.

STG : AISSATA NDIAYE