Des jeunes filles d’Afrique de l’Ouest ont démontré au
cours du week-end à Dakar qu’elles pouvaient être à l’avant-garde de la
technologie en participant à un concours de robotique qui a aussi suscité des
vocations.
Venues du Sénégal, de Gambie et du Mali
et vêtues d’uniformes de leurs écoles – foulards bleus, polos blancs, tabiers
noirs – elles ont hurlé samedi pour soutenir leurs équipes au moment où les
robots s’emparaient de cônes en plastique pour aller les déposer un peu plus
loin.
L’école de filles Mariama-Ba (Sénégal) a
remporté un prix pour une pompe « made in Africa » destinée à lutter
contre les inondations. Umu Tarawally, une Gambienne de 14 ans qui veut devenir
médecin, a expliqué à un groupe d’adultes comment l’arachide pouvait être
transformé en carburant.
Et assuré que toutes ses amies voulaient
désormais devenir ingénieures après cette semaine d’ateliers consacrés à la
robotique. Entre show télé et conférence technique, la Panafrican Robotics
Competition (PARC) de samedi à Dakar a été créée par Sidy Ndao, un professeur
de l’université de Nebraska-Lincoln qui a quitté le Sénégal pour les Etats-Unis
alors qu’il était adolescent.
« DÉCOUVRIR LES SCIENCES, C’EST UNE INSPIRATION POUR LES ENFANTS, ÇA
PEUT LEUR DONNER UNE VOCATION D’INGÉNIEUR OU DE SCIENTIFIQUE », EXPLIQUE
CE PASSIONNÉ DE TECHNOLOGIE.
Désormais financé par la Banque
mondiale, la PARC en est à sa deuxième édition et a réuni 250 adolescents,
garçons et filles, avec un accent particulier sur les filles.
« ELLES NE SONT
PEUT-ÊTRE PAS TRÈS NOMBREUSES À ÉTUDIER LA TECHNOLOGIE ET LES MATHÉMATIQUES,
MAIS QUAND ELLES S’Y METTENT, ELLES SONT SOUVENT DANS LES MEILLEURES DE LEURS
CLASSES », ASSURE SIDY NDAO.
« Pour qu’un pays prenne la voie du
développement, il a vraiment besoin de scientifiques et d’ingénieurs »,
poursuit-il en regrettant que trop souvent, au Sénégal, les meilleurs étudiants
partent à l’étranger, attirés par des salaires confortables et des vies plus
faciles. Le Sénégal l’a compris et s’efforce désormais de soutenir
l’enseignement technique et scientifique.
« Comme le Sénégal entend devenir
une nation émergente, nous devons maîtriser toutes les sciences techniques et
les mathématiques, afin d’acquérir l’expertise nécessaires à l’exploitation de
nos propres ressources naturelles », assure la ministre sénégalaise de
l’Education supérieure et de la Recherche, Mary Teuw Niane.
Sur le point d’entamer l’exploitation de
son potentiel de ressources pétrolières et gazières récemment découvert, le
Sénégal a un besoin urgent d’ingénieurs et de scientifiques. Mais le manque de
professeurs et d’éducateurs est également criant, regrette Sidy Ndao. Sans
compter les conditions matérielles d’une grande part des établissements
scolaires : manque d’électricité, d’eau courante et d’infrastructures.Sans même
parler de l’absence d’ordinateurs en zones rurales.
A peine plus de la moitié des enfants
terminent leur cursus scolaire.Et la tradition populaire considère toujours que
les filles ont mieux à faire à la maison que sur les bancs de l’école, surtout
dans les familles les plus pauvres
Mettre l’accent sur l’accès aux sciences
permettrait de « briser le cycle des problèmes en Afrique », où les
ressources naturelles sont toujours largement contrôlées par des capitaux
étrangers, transformées ailleurs avant d’être souvent réimportées sur leurs
lieux de production.
Pour Aminata Ndiaye, 15 ans, faire combattre des machines dans un stade de Saint-Louis du Sénégal est beaucoup plus qu’un jeu : « ça a changé ma vie, c’est bien plus qu’une compétition de robots », sourit-elle en recevant le prix qu’elle a gagné avec ses collègues d’école.