• 29 / Apr / 2025
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Reines d'Afrique et Héroïnes de la diaspora noire: La légende de la reine ABLA POKOU

Sylvia Serbin dans Reines d’Afrique et Héroïne de la Diaspora Noire, rend hommage à 22 femmes qui de par leurs actes symboliques ont marqué l’histoire de l’Afrique. Dans le continent noir certains y vécurent dans la plus grande discrétion jusqu’à leur extinction d’autres en revanche étaient nés pour briller et marquer à jamais son histoire. Ce fut le cas de ABLA POKOU une légende de l’histoire africaine en général, mais des baoulés en particulier. L’histoire et la légende qui entoure sa mystérieuse  personne font encore l’objet d’exemple aux jeunes générations africaines.MA FEMINITE dresse un portrait de la vie et de l’œuvre de cette ancienne reine encore vivante en chaque africain fier de ses origines désireux de connaitre les dames qui l’ont a jamais marqué.

ABLA POKOU est née au début du XVIII eme siècle, elle est la nièce du roi Ossei Tutu, père fondateur de la confédération des ashantis du Ghana. Suite au rappel à dieu de celui-ci, son neveu le succède au pouvoir en vertu de la loi matrilinéaire qui renvoie à la succession par lignée maternelle. Cela parce que chez les ashantis, l’enfant issu de la sœur d’un défunt roi a plus de chance de succéder qu’un autre issu d’un frère de ce dernier. Au  décès d’Ossei Tutu une guerre pour la succession éclate entre Itsa un vieil oncle de la famille régnante et Dakon le frère de la reine Abla Pokou. De fil en aiguille, dans la capitale du royaume Kumasi, une guerre fratricide s’engage au cours de laquelle Dakon est tué.

Dès lors Abla Pokou comprend le tragique et terrifiant sort qui l’attend si elle reste, elle doit donc s’enfuir vers le nord Est avec sa famille, ses serviteurs, ses soldats fidèles  et tous ceux qui se reconnaissent en elle ou en Dakon.
La reine Pokou s’est donc finalement décidée à partir loin de cette guerre sanglante avec tous ceux qui voulaient bien la suivre. Cependant la troupe ennemie était toujours à ses trousses ainsi que ceux qui avaient pris le risque de la suivre dans cette périlleuse aventure. Apres une longue marche, la reine Pokou et ses troupes se retrouvent au bord du fleuve Comoé sans aucune possibilité de la traverser. Apres plusieurs discussions à décider sur la façon de rejoindre l’autre côté sans causer des dégâts majeurs, la reine décida alors de consulter l’oracle histoire de savoir ce que le fleuve attendait d’eux pour leur céder le passage en contrepartie. La légende raconte qu’après la dite consultation faite par le devin des troupes de la reine Pokou, il s’avère  que le fleuve voudrait que la tribu sacrifie ce qu’elle avait de plus cher. Les femmes ainsi avertis jettent tous leurs bijoux de valeur dans les flots du fleuve, les hommes à leur tour jettent la quasi-totalité de leur bataille dans l’eau espérant qu’un passage s’ouvrirait. Mais tel ne fut pas le cas. Le devin clarifia donc le sacrifice que le fleuve demandait  n’était autre qu’un enfant car il apparaissait clairement que ce que hommes ont de plus cher à leurs yeux n’est autre que leur progéniture.

La déclaration ainsi clarifiée, personne ne se porta volontaire pour laisser sa chair en proie à la colère et à l’agitation de la source d’eau alors que les troupes ennemies se rapprochaient de plus en plus. C’est ainsi que AblaPokou se voit contrainte de sacrifier la chair de sa chair : son fils afin de sauver le restant de son peuple. Choix qu’elle fit en jetant son enfant à l’eau. En retour à ce sacrifice consenti par cette reine d’Afrique le fleuve s’ouvre en laissant libre court à la reine et ses accompagnants de traverser paisiblement.

 La traversée achevée la reine Pokou se retourne, avant de lancer la fameuse phrase « ba ou li » qui veut littéralement dire « l’enfant est mort »
Le peuple qui avait suivi la reine Pokou dans la fuite s’est réorganisé quelques années plus tard avant le décès de celle-ci .En hommage à la reine Abla Pokou, ce peuple qu’elle a aidé à survivre à cette guerre meurtrière se nomme les baoulés comme les mots qu’elle avait prononcé pour exprimer toute sa tristesse suite à la perte du seul enfant qu’elle avait .Ils vivent actuellement en Côte d’Ivoire et sont sans nul contexte le peuple le plus riche en culture et en valeurs faisant aujourd’hui la fierté de tout un continent.  

STG : AISSATA NDIAYE