La circoncision et l’excision sont des pratiques qui existent dans la tradition africaine depuis des siècles déjà. Souvent décriées et critiquées, notamment en ce qui concerne la l’excision, il serait intéressant de savoir quelles sont les raisons de l’existence de ces coutumes mais également si elles sont spécifiques à la culture africaine ou si elles nous ont été importées d’ailleurs.
Tout d’abord, il faut savoir que la
circoncision et l’excision ne sont pas des procédés qui nous viennent d’autres
contrées. Ce sont des pratiques qui sont nées en Afrique et qui ne s’expliquent
que du point de vue de la cosmogonie et de la pensée africaine.
La circoncision par exemple est attestée
depuis la plus haute antiquité dans la vallée du Nil. Il semble qu’elle a
existé même déjà depuis la préhistoire. C’est ce que Cheikh Anta Diop nous
confirme dans Nations Nègres et Culture lorsqu’il nous dit que « les égyptiens
étaient circoncis dès la préhistoire ». Elle revêtait alors un caractère
initiatique puis au fil des siècles, elle a été décrite à travers l’histoire
comme une prescription hygiénique, une renonciation au péché de la chair, un
rite de passage à l’âge adulte ou un moyen de marquer son appartenance à une
communauté religieuse. Consistant en une
ablation totale ou partielle du prépuce, la circoncision est pratiquée encore
aujourd’hui de manière religieuse par les Juifs et les Musulmans et
culturellement dans toute l’Afrique noire. Elle concerne environ un cinquième
de la population masculine mondiale.
Concernant l’excision, elle est aujourd’hui
considérée comme une mutilation génitale féminine et est illégale dans une
vingtaine de pays africains, en Europe ainsi qu’aux Etats-Unis et au Canada.
Elle a fait l’objet d’une condamnation par une résolution de l’ONU qui a été
soutenue par plus de cent pays. Elle reste cependant pratiquée encore en masse
en Afrique, dans les pays Arabes ainsi qu’en Indonésie.
Les africains sont très liée à leur
culture même lorsqu’ils s’expatrient et souvent les femmes africaines ont
tendance à subir le poids de cette culture qui est implacable et peut en cas de
refus mener à une mise au ban de la société ou une exclusion du cercle
communautaire. La majeure partie des femmes qui subissent l’excision est de
confession musulmane et longtemps, l’amalgame entre l’aspect culturel et
religieux de cette pratique a été fait. Nombreux sont les courants qui prônent
une recommandation de l’excision chez la femme en Islam par le prophète (PSL)
alors qu’il n’en est rien.
La pratique de la coutume diffère selon les pays, les villages ou même les ethnies. Chez certains, les femmes sont excisées avant la puberté mais chez d’autres, après. Elle se fait de trois manières : l’ablation du clitoris seul, l’ablation du clitoris et des petites lèvres et enfin la plus sévère où l’on enlève le clitoris, les petites lèvres et les grandes lèvres et où il ne reste à la victime qu’un orifice !
L’excision a été instituée dans les us et
coutume prétendument pour sauvegarder l’image de la femme ainsi que sa
respectabilité. Une femme excisée ne ressent pas de désir sexuel et ne sera
donc pas une femme aux mœurs légères ni adultère et son mari pourra dormir sur
ses deux oreilles car même s’il reste absent du domicile conjugal pendant des
années, elle ne le trompera jamais. Kadia, malienne de 39 ans raconte : « une
nuit, ma mère est venue dans ma chambre et s’est assise sur mon lit. C’était la
première fois qu’elle le faisait et j’ai ressenti la particularité de ce
moment. Elle m’a dit que j’allais devenir une vraie femme maintenant et qu’il
fallait que je sois fière. On m’a beaucoup gâté ce soir-là et j’ai eu droit à
beaucoup de cadeaux. Le lendemain, on m’a emmené chez une vieille femme qui
froidement en me regardant m’a fait comprendre que quelque chose de grave était
en train de se passer. Lorsqu’elle donna l’ordre de m’attraper et de m’écarter
les jambes, j’ai cru que j’allais mourir. Je n’avais jamais eu aussi mal de ma
vie et j’ai su que cette douleur ne me quittera jamais ; j’ai vu du sang,
des caillots… jamais je n’en avais vu en telle quantité. Elle m’avait tout
enlevé. Le clitoris, les grandes et les petites lèvres. Je n’avais plus rien de
ce qui faisait de moi une femme. A 18 ans, je me suis mariée et depuis, ma vie
sexuelle est un cauchemar. Je suis mère de 3 enfants et encore aujourd’hui
après 21 ans de mariage, je n’ai jamais connu de plaisir avec mon époux ».
Madame T. 54 ans témoigne : « Je suis excisée du clitoris et des petites lèvres
depuis que j’ai 8ans. A chaque accouchement, je vivais un véritable calvaire. Pendant
mes règles, je souffrais au point de devoir mettre un pansement. Le pire, c’était
lors des rapports avec mon mari. Je n’avais jamais aucun plaisir, au contraire !
Je ne fais que subir l’acte sexuel pour satisfaire mon homme mais en aucun cas
je n’y trouve de plaisir. Parfois mon mari pense que je pleure de plaisir alors
que je suis blessée dans ma chair ».
Certaines femmes n’ont pas le choix, elles
essayent coute que coute de ressentir ce fameux plaisir dans les bras d’autres
hommes tout en préservant leur couple. C’est le cas de Fatou D. mariée depuis
dix ans : « j’ai succombé un jour malheureusement ou heureusement au
charme d’un homme rencontré par hasard lors d’un voyage. Sa femme à lui aussi
est excisée et il a su me rendre heureuse. C’était la première fois que je
connaissais la jouissance et depuis, je réussi toujours à trouver une excuse
pour le voir. Etant donné que je voyage souvent, je peux me le permettre et
cette relation a rééquilibré ma vie. Je me sens plus épanouie que jamais même
si je sais que je trompe mon époux et que c’est mal je me dis que j’ai aussi
droit au bonheur. J’aime mon marie et pour rien au monde je ne le quitterais ».
Les femmes souffrent encore beaucoup de ces coutumes malgré qu’elles soient punies et, que de nombreux pays aient pris des mesures afin que les femmes qui les pratiquent puissent gagner leur vie autrement. Ce qui est sûr, c’est que de plus en plus, les consciences s’éveillent pour reconnaitre que l’excision est un mal dont les répercussions sont indélébiles que ce soit dans la vie de la femme comme dans celle du couple. Ce qui serait souhaitable c’est qu’enfin cette pratique barbare disparaisse à jamais et que plus jamais des jeunes filles ou des femmes n’aient à souffrir dans leur chair pour justifier de fausses idées qui gangrènent dans les mémoires et qui toujours relèguent la liberté et l’intégrité de la femme au second plan.
Monica Kalla-Lobé.