CESARIA
EVORA, L’ETERNELLE « DIVA AUX PIEDS NUS »
Césaria est née le 27 août 1941 à Mindelo, petite ville
commerçante de Sao Vicente, une des villes du Cap-Vert.
Une vie très mouvementée mais une carrière si riche
La chanteuse a très tôt connu la misère c’est sans doute ce qui l’a forgée. Sa
mère était cuisinière dans une "misère digne" et son père musicien
violoniste disparaît prématurément, terrassé par l'alcool. Sa mère la confie
alors aux bons soins d'un orphelinat, alors qu’elle n’avait que 7 ans. Là-bas,
elle intègre la chorale où elle apprend à chanter et a quitté à l’âge de 13
ans. Trois ans plus tard, elle fait la rencontre d'Eduardo son premier grand
amour, un marin qui après Gregorio Gonsalves, lui apprend l'art précieux de
l'interprétation des coladeras et des mornas anciennes. C'est à
cette époque qu'elle entreprend la "tournée" des bars de la ville, au
fameux Calypso, et café royal de l'avenue de Lisbonne.
Dans la rue,
elle côtoie les musiciens de son quartier, elle prend goût à la vie d'artiste.
Signe du destin, Césaria a de qui s’accrocher, un immense poète, le plus grand
compositeur de mornas et le cousin
direct de son père, Francisco Da Cruz (1905-1958). Il confère ses lettres de
noblesses à ce genre dont le nom proviendrait du verbe anglais « to
mourn » signifiant pleurer.
Malgré le
décès d’Amilcar Cabral, révolutionnaire assassiné et auteur de mornas
lui aussi, elle poursuit la tournée des pianos-bars et grâce à la radio,
quelques 45 tours enregistrés, son charisme rayonne dans tout le pays. Elle
chantait beaucoup la souffrance, la pauvreté et l’alcool.
Surement, ces derniers l’ont poussé à se décourager de la vie dure d’artiste.
Elle décide alors de mettre fin à sa carrière de musicienne.
Après dix ans
sombres, Césaria tombe sur le soutien de Bana, parrain des musiques
capverdiennes exilé au Portugal, une association de femmes invite Césaria à
Lisbonne pour une série de concerts, et pour l'enregistrement d'un premier
album qui restera confidentiel. C'est là-bas qu'elle rencontre José Da Silva,
celui qui deviendra bientôt son mentor et producteur attitré. C’était en 1985.
Ses plus célèbres albums sont CAFE
ATLANTICO en 1999, MISS PERFUMADO en 1992, ROGAMAR en 2006, NHA SENTIMENTO en
2009, CAP VERDE en 1997…
Parmi ses meilleurs duos YAMORE, une chanson de Salif Keita en 2006 qui fut un succés.
En 2003, elle
remporte le Grammy Award du Meilleur album world music contemporain pour
l'album Voz d'amor. Elle participe cette même année à l'album Gaia pour la
préservation de l'environnement où elle interprète Jangadéro composé par Alan
Simon.
Le président de la république française, Nicolas Sarkozy, l'a distinguée, en
2009, avec la médaille de la Légion d'honneur remise par Christine Albanel.
En septembre 2011, suite à des problèmes de santé, elle décide de mettre fin à
sa carrière et d'annuler les concerts à venir.
Dans une interview accordée à le
Monde, en septembre dernier, elle avait alors expliqué: «Je n'ai pas de force,
pas d'énergie. Je veux que vous disiez à mes fans: excusez-moi, mais
maintenant, je dois me reposer.» Et elle était repartie au Cap-Vert : «Où
voudriez-vous que j'aille? Je dois maintenant réunir la famille.»
La « DIVA AUX NUS » rend l’âme le 17 septembre 2011 et laisse ainsi
un grand héritage au Cap-Vert.
PENDA DIALLO