• 29 / Apr / 2025
Fermer

LES REINES D'AFRIQUE ET HÉROÏNE DE LA DIASPORA NOIRE : REINE RANAVALLONA II DU MADAGASCAR

 «La reine grâce à laquelle la royauté s’est prosternée devant la religion chrétienne » 

Il est incontestable que l’histoire du continent noir ainsi que celui de ses leaders dans le passé contient pas mal de zone d’ombres. C’est ailleurs pour cela qu’il est de coutume chez les enfants d’Afrique, de penser que ce continent a été dirigé depuis toujours par les hommes ou en tout cas très peu de femmes. Pourtant dans la marche pour l’autonomisation des valeurs africaines et de son développement économique, l’éducation religieuse et même dans la résistance contre l’occidentalisation des terres africaines, l’histoire raconte, que bien au contraire les femmes n’ont jamais été en reste. Pas en tout cas la reine Ranavalona 2 du Madagascar, surtout en ce qui concerne l’éducation religieuse et la modernisation des habitations malgache.

Ranavalona 2, née en 1829 sous le prénom de Ramona dans le palais d’Ambatomanoina, quartier de Masombahiny .Ramona est la fille du prince Razakaratrimo et appartenait à la dynastie Merina. Elle deviendra Ranavalona II après le décès de sa cousine germaine Rososherina survenue le 1er Avril 1868. Une chose entraînant une autre, le veuf de la précédente souveraine et premier ministre à l’époque de 1864 à1895, Rainilaiarivony, épouse conformément à un arrangement ethnique Ramona qui devient par la suite Ranavalona II.

L’attachement qui lie la reine Ranavalona II à la religion chrétienne n’est pas le fruit d’un hasard. En effet Ramona a grandi dans un milieu proche des premiers chrétiens, elle prit même part à des réunions de prières clandestines pendant l’époque des persécutions. Son frère Ramonjamanana était lui-même un prince chrétien grâce à qui elle fit la connaissance d’Adriantsiamba et devint son élève. Ce dernier lui demandera quelques temps plus tard de se convertir à la religion chrétienne. Ce qui fait que bien avant son accession au trône, la reine était déjà de cette religion. C’était une femme active et surtout très intelligente.

Dès sa nomination, elle fit une place importante à la religion dans sa contrée. Le premier acte qu’elle posa fut d’envoyer aux missionnaires de la London Missionnary Society travaillant à Madagascar, une lettre de réconfort doublée d’une promesse de faire le nécessaire pour leur apporter un soutien  pour l’épanouissement de la religion chrétienne en territoire malgache. D’ailleurs le soir de son couronnement, elle n’hésita pas a faire comprendre que sous son règne, la religion chrétienne connaîtra son apogée. C’est ce soir du 3 septembre 1868, sur la place d’Andohalo, ou avait lieu son couronnement, que les malgaches virent a la place des idoles royaux, une bible à la portée de sa main placée sur une table tandis que trois pasteurs l’assistaient. Viennent s’ajouter à ce décor purement religieux des extraits de texte biblique écrites en lettres d’or sur les quatre côtés du baldaquin ou se tenait la reine Ranavalona II.

Toujours dans la dynamique de fortement asseoir la réligion chez les populations, son règne fut marqué par de grands événements historiques qui relancèrent le christianisme à Madagascar. Après la longue période de persécution des chrétiens sous Ranavalona premier qui n’était d’ailleurs autre que sa tante, elle laissa une lourde empreinte dans le changement des mœurs malgaches pour adopter une morale plus chrétienne dans la société ; pas une seule vie humaine ne fut abrogée par sentence annoncée par la reine seule. Durant la totalité de l’année 1869, le pouvoir se lance dans la destruction des sampy ou idoles à commencer par ceux du souverain, le pouvoir ordonnera également la liquidation collective des talismans que détenaient les familles et les clans. Par conséquent, la religion chrétienne protestante gagne du terrain parmi les dignitaires du régime  et chez la population dans son intégralité.

En juin 1868, la reine promulgua une loi qui permit de construire en pierre et en brique, alors qu’avant cette loi, les résidences étaient bâties en matériaux vivant ou périssable tel que le bois ou le bambou. Dès lors le palais et toute la ville changèrent de physionomie car c’était l’époque de l’inauguration des temples les uns plus imposant que les autres. A ce propos d’ailleurs le monument le plus imposant laissé à la postérité de Ranavalona II fut le temple d’Anatirova.

Son règne a également été fortement marqué par l’occidentalisation relativement rapide du pays grâce, à une intense coopération avec les missionnaires britanniques. Phénomène qui conduit à l’abolition de la polygamie, le commerce de l’alcool et des esclaves ainsi que la règlementation de manière générale de la vie politique et sociale des malgaches suite, à l’adoption d’un code des 305 articles paru en 1881.

D’autre part en cherchant à abroger le traité franco-malgache qui reconnaissait implicitement la mainmise de la France sur les terres du royaume, Ranavalona II attisa la colère des français, qui en guise de représailles, bombardèrent les principaux ports du pays.

Quelques mois plus tard après cette tragédie, mourrait dans la journée du vendredi 13 avril 1883, à l’âge de 54 ans la digne reine Ranavalona II. Le lundi 16 avril sa dépouille fut conduite au temple du palais, pour un culte d’action de grâce auquel assistèrent son époux ainsi que les dignitaires et les missionnaires présent dans le pays. Son corps fut par la suite inhumé dans la tombe royale.

La reine Ranavalona II à laisser un profond vide dans l’esprit des africains, des malgaches en particulier mais surtout à l’église protestante. Elle a été de son vivant, une vaillante combattante pour hisser son peuple et le christianisme dans le rang des meilleurs. Par conséquent, il est important d’admettre que son combat n’a pas été vain ni sa personne un mythe crée de toute pièce.

 

STG : AISSATA NDIAYE