Le fantasme est un terme même connu en Afrique de quelques
minorité est un tabou. Les pratiques intimes de personnes consentantes
n’ont jamais eu lieu d’être discutées sur la place publique, ni de devenir un
handicap dans la vie sociale, professionnelle ou même familiale de qui que ce
soit. Tout ce qui relève de la sexualité individuelle est tabou. Cachés,
enfouis, inavouables, parfois, nous préférons taire certains de nos fantasmes à
notre partenaire. Mais est-ce une bonne idée de les dissimuler ?
Le silence est d’or. Mais doit-il s’appliquer à nos
fantasmes ? L’univers du fantasme est un monde foisonnant et plein de
richesses, de divagation et d’extravagances. Mais nous sommes pourtant peu
nombreuses à vouloir le partager avec notre partenaire. Nous créons une
barrière autour de ce monde dans lequel nous lui interdisons de pénétrer.
Culpabilisant, honteux, trop trash… Parfois, nous refusons
d’avouer nos fantasmes : “Il peut nous arriver d'en avoir honte, de
culpabiliser de leur teneur, parfois de leur aspect un peu sauvage, un peu
bestial, un peu cru. Nous pouvons avoir peur du jugement de l'autre à notre
égard, de ce qu'il pourrait penser de nous, de l'image que l'on pourrait lui
renvoyer”.
Une image qui fait écho à celle de la dictature selon
laquelle les femmes devraient être dépourvues de fantasmes : “Une image de la
femme, censée être prude, sans désir sexuel, presque asexuée. Avouer ses
fantasmes signifie donc aller à l'encontre de cette représentation encore assez
répandue et on arrive là à l'éternelle dichotomie maman-putain, avec la peur
pour certaines femmes de passer pour des obsédées, d'être mal vues, considérées
comme frivoles, aux mœurs légères, etc.
Cela dit, on constate quand même une évolution des
mentalités en termes de sexualité féminine ; c'est encore très lent et
timide, mais c'est présent.
Être en confiance pour parler de ses fantasmes
Avant d’avouer ses fantasmes, il vaut mieux s’assurer
d’être dans une relation de confiance et être certaine d’en avoir envie. Il
vaut mieux être suffisamment installé pour avouer ses fantasmes. D’abord pour
ne pas avoir peur de les avouer, mais aussi pour ne pas faire souffrir
inutilement son/sa partenaire ni d'être jugée. Le but est de s’assurer d’être
dans une relation au sein de laquelle les partenaires comprennent bien les
tenants et les aboutissants du fantasme, c'est à dire une partie intégrante de la
vie sexuelle qui n’a rien à voir avec le réel.
S’il est bien d'en parler dans un couple où la parole est
libérée, il existe néanmoins des fantasmes qu’il vaut parfois mieux taire:
"Tout ce qui touche à ce qui est considéré comme moralement répréhensible
ou illégal doit être surtout évoqué auprès d'un professionnel, comme un médecin
sexologue en l'occurrence".
Parler de ses fantasmes pour mieux les réaliser
Briser la loi du silence autour de vos fantasmes peut avoir
un avantage : cela peut permettre, en accord avec votre bien-aimé, de les
réaliser et de relancer la flamme dans votre couple. La parole peut ainsi être
libératrice. "Parler de son fantasme pour mieux le réaliser peut
effectivement être excitant, et si cela est fait dans la complicité et l'accord
mutuel, contribuer à relancer la flamme et à mettre un peu de piquant dans le
couple. Avant toutes choses, il est fondamental que les deux partenaires soient
parfaitement d'accord pour réaliser un fantasme et qu'il n'y en ait pas un qui
le fasse simplement pour faire plaisir à l'autre, alors qu'il n'en a pas envie.
La sexualité est censée rapprocher, il serait dommage que la réalisation d'un
fantasme mal vécu par l'autre partenaire contribue à l'éloignement”.
Mais réaliser ses fantasmes peut aussi présenter un risque.
“Il peut arriver qu'un fantasme perde sa teneur érotique et érogène sitôt
transposé dans la réalité. On peut en effet fantasmer sur certaines pratiques
sexuelles, mais ne pas du tout les apprécier dans la vie réelle ; réaliser un
fantasme, c'est donc parfois prendre le risque de vivre une expérience négative
et donc de le voir disparaître”.
Les fantasmes, un besoin de contrôle ?
Si révéler nos fantasmes signifie révéler une partie de notre intimité, trop en parler pourrait en revanche cacher une volonté de contrôle. “Évoquer à outrance ses fantasmes peut être une tentative pour la femme de reprendre le contrôle sur un contenu pulsionnel chez elle qu'elle ne maîtrise pas et qui l'effraie. Mettre des mots permet donc d'enfermer ses rêveries érotiques dans quelque chose de contrôlé, de limité.
Paula OGOUNWOLE